"Par rapport aux hommes, les femmes ont un risque plus élevé d'être obèses ou en surpoids", explique Soonkyu Chung, professeure agrégée au Département de nutrition de l'Université du Massachusetts à Amherst. "Cela est particulièrement vrai après la ménopause, en raison de la perte d’œstrogènes dans l’organisme".
Ses récents travaux, présentés au congrès Nutrition 2024 qui se tient à Chicago du 29 juillet au 2 juillet, laissent penser que faire un sauna régulièrement pourrait aider les seniors, en particulier les femmes, à lutter contre la prise de poids et la résistance à l'insuline liées à l'âge.
Les saunas réduisent les dommages tissulaires et l’accumulation de graisse
Pour évaluer les effets de la chaleur sur les processus biologiques liés au vieillissement, les chercheurs ont réuni des souris ménopausées. Pour induire une prise de poids, elles suivaient un régime contenant 45 % de calories provenant des graisses. Par ailleurs, un groupe avait 30 minutes de thérapie thermique dans une chambre thermique réglée à 40 °C tous les jours pendant 12 semaines tandis que l'autre ne recevait aucun soin particulier. Des analyses ont ensuite été menées sur tous les rongeurs.
Les différents examens ont révélé que les souris profitant d’un "sauna quotidien" prenaient moins de poids que les autres. De plus, elles avaient des niveaux de lactate déshydrogénase, marqueur de dommage tissulaire et de vieillissement, moins importants. Ces animaux montraient aussi une meilleure utilisation de l’insuline, qui aide à contrôler la glycémie, et une réduction de l'accumulation de graisses brunes dans l’organisme par rapport au groupe témoin.
Sauna : comment la chaleur lutte-t-elle contre le vieillissement ?
Comment les environnements chauds comme les saunas peuvent lutter contre la prise de poids et les effets du vieillissement ? L’équipe a pu identifier les processus biologiques responsables. En étudiant les souris, elle a découvert que la chaleur déclenche plusieurs processus moléculaires qui aident le corps à utiliser l’énergie plus efficacement et à brûler les graisses. "Un acteur clé est une protéine connue sous le nom de TRPV1, qui fonctionne comme un canal ionique calcium dans la membrane cellulaire. Lorsqu’il est activé par la chaleur, TRPV1 déclenche un processus connu sous le nom de cycle futile du calcium dans lequel le corps utilise de l’énergie (sous forme d’ATP) pour pomper des ions calcium à travers les membranes cellulaires. Ce processus contribue à augmenter la quantité d’énergie brûlée par le corps", ajoutent les scientifiques dans leur communiqué.
L'activation de TRPV1 ainsi que le cycle du calcium qui s'ensuit, stimulent aussi la dégradation et la combustion des graisses. Leur accumulation dans les tissus et les organes comme le foie, diminue. Ce phénomène contribue à améliorer la sensibilité de l’organisme à l’insuline.
"Cette série d'événements suggère qu'une application régulière de chaleur peut limiter les effets de la combustion des calories et de la perte de graisse", indique Rong Fan qui a présenté l’étude le 1er juillet lors du congrès. "Cela pourrait être particulièrement avantageux pour les personnes qui trouvent les activités physiques difficiles, car il s'agit d'un moyen relaxant d'améliorer leur santé métabolique."
Prises de poids : intégrer la chaleur dans les soins
"La thérapie par la chaleur pourrait être une option pratique pour les personnes présentant une augmentation de la graisse abdominale et un risque plus élevé de maladies métaboliques déclenchées par les changements hormonaux de la ménopause", explique l’intervenante Rong Fan dans le communiqué.
Face à leur découverte, les deux chercheuses estiment que la thérapie thermique – par le biais de saunas, mais aussi de bains ou d’enveloppements spécifiques – pourrait être "une option pratique pour les personnes présentant une augmentation de la graisse abdominale et un risque plus élevé de maladies métaboliques déclenchées par les changements hormonaux de la ménopause". Elles ajoutent qu’elle peut être facilement intégrée dans les soins de routine des patients.
Toutefois, l’équipe précise que des travaux supplémentaires doivent être menés pour déterminer la durée et l’intensité optimales de l’exposition à la chaleur pour obtenir des effets bénéfiques sur la santé et confirmer son innocuité et son efficacité sur tous.