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La Santé en Questions

Déficit d’activité physique des enfants : quels bienfaits attendre de l’effet J.O. ?

Dans quelques semaines, la France va accueillir les Jeux Olympiques de 2024. Ces jeux seront marqués par la volonté de la France d’en faire un symbole en donnant à l’activité physique le statut de grande cause nationale de l’année 2024. Un objectif qui vise particulièrement les enfants alors que leur déficit en la matière risque de devenir un sujet de santé publique. Quel héritage les J.O. 2024 laisseront-ils sur la pratique du sport par les petits Français ? Le point dans l'émission "La Santé en Questions" avec le Pr François Carré et Marie Barsacq, directrice du COJO.

Déficit d’activité physique des enfants : quels bienfaits attendre de l’effet J.O. ? iStock/FS-Stock




L'ESSENTIEL
  • Le déficit d'activité physique a augmenté chez les enfants depuis 30 ans.
  • La préparation des Jeux Olympiques a été l'occasion de promouvoir la pratique du sport, notamment à l'école.
  • Une expérimentation menée avec l'Académie de Créteil a déjà permis d'obtenir des résultats encourageants.

"Les enfants de 15 ans préparent leur infarctus à 30 ans !". En dramatisant la situation des plus jeunes, le Pr François Carré, médecin du sport au CHU de Rennes et membre du collectif "Pour une France en Forme" veut alerter sur le grave déficit en matière d’activité physique qui touche les petits Français. Et il avance des chiffres en effet inquiétants : "Aujourd’hui, un enfant de 11 ans court moins vite sur un kilomètre qu’un adulte de 60 ans, ce qui représente un recul de 25% des capacités physiques des tranches d’âge les plus jeunes en 30 ans".

Terrible constat qui vient appuyer l’importance des efforts entrepris à l’occasion des J.O. de 2024 pour que cet événement laisse en héritage à cette génération un goût du sport.  "Un enfant sédentaire, c’est, demain, un adulte sédentaire, il faut être capable de casser cette courbe de sédentarité", souligne Marie Barsacq, directrice du Comité d’Organisation des Jeux de 2024, invitée avec le Pr Carré de l’émission "La Santé en Questions" animée par le Dr Jean-François Lemoine.

"Travailler pour que les enfants prennent plaisir à faire du sport"

"Tous les événements sportifs donnent envie de pratiquer davantage, l’enjeu est de faire en sorte que cette envie soit préservée sur le long terme", annonce Marie Barsacq. La solution attendue : "Travailler pour que les enfants prennent plaisir à faire du sport pour qu’ils n’abandonnent pas au moment de l’adolescence".

Les petits Français seraient-ils paresseux face à l’exercice physique ? Plutôt ni aidés, ni même incités ! Et le Pr Carré comme Marie Barsacq dénoncent les coupables. En premier lieu, l’Education Nationale. "L’EPS (éducation physique et sportive, NDLR) est dans les programmes scolaires, au rythme de trois heures par semaine à l’école primaire; mais dans la réalité, on en est loin, la moyenne est plutôt de une heure et demi, avec de forte disparités territoriales", souligne la directrice du COJO.

Des enseignants mal formés à l'Education Physique et Sportive

Les raisons de ce déficit : des enseignants qui ne sont pas ou qui sont mal formés pour encadrer l’EPS et, aussi, le fait que beaucoup d’instituteurs pensent que le temps consacré à l’activité physique le serait au détriment des autres matières scolaires. "Si les enfants faisaient davantage d’activité physique, ils sauraient mieux lire et compter !", réplique le Pr Carré. "L’exemple de la Finlande est très intéressant, le sport est systématiquement organisé dans les écoles et le pays et en tête au classement PISA qui évalue le niveau scolaire des enfants", confirme Marie Barsacq.

Autres acteurs de l’éducation pointés du doigt, les familles. "Il faut qu’un jour, lorsqu’ils ne sont pas à l’école, durant les week-ends, les vacances, les enfants puissent dire à leurs parents ‘pourquoi on ne va pas bouger ?’", estime François Carré.

Investir sur le développement de l'activité physique des enfants

Au-delà de l’exemplarité temporaire qu’ils vont représenter, qu’est-ce que les J.O. de 2024 pourraient pratiquement changer sur ce registre de l’activité physique des enfants ? "Le travail que nous réalisons sur l’héritage que doit laisser cet événement, en plus de ce qui restera en termes d’équipements sportifs, doit permettre de déclencher une volonté politique forte" pour investir sur le développement de l’activité physique des enfants.

Déjà, dans le cadre de la préparation des Jeux de 2024, des initiatives ont été prises qui donnent des résultats encourageants. "Avec une expérimentation menée dans l’académie de Créteil sur la pratique du sport à l’école et en lui apportant de nouveaux moyens avec notamment du matériel sportif, nous avons fait bouger les choses. Aujourd’hui, une étude montre que 91% des enfants concernés par cette expérimentation disent être en meilleure santé et que dans 89% des cas il y a dans ces écoles un climat plus propice aux autres apprentissages", annonce Marie Barsacq.

"Il va y avoir un engouement, davantage d'inscriptions dans les clubs sportifs"

Mais ces initiatives pour amener les enfants à la pratique sportive doivent aussi intégrer l’action des médecins. Déjà pour éviter que cette pratique tourne au drame. Avec, et c’est pour le Pr François Carré une priorité, un examen plus sérieux de l’état de santé des plus jeunes : "Actuellement, seules les fédérations demandent des certificats d’aptitude pour la pratique d’un sport. Il faut davantage détecter les maladies à risque, et principalement les troubles cardiaques, se battre pour que chaque enfant bénéficie d’un électrocardiogramme; un enfant avec une anomalie cardiaque peut mourir en courant dans la cour de l’école !". Autre attente vis-à-vis des médecins, leur implication dans la prescription de l’activité physique. "Ils sont de plus en plus nombreux à prescrire, mais ils ne sont encore que 30% en moyenne à le faire", déplore François Carré.

Face à cette situation, les J.O. 2024 seront-ils l’événement qui permettra de renverser la table pour en finir avec le déficit d’activité physique des plus jeunes ? "On sait qu’il va y avoir un engouement, qu’il y aura davantage de demandes d’inscription dans les clubs sportifs à la rentrée", espère Marie Barsacq. Mais cet héritage survivra-t-il assez longtemps pour changer la donne ? "Après nous, explique avec optimisme la directrice du COJO, c’est l’Agence Nationale du Sport qui va reprendre le label ‘impact des J.O ? 2024’, la dynamique continue !".

 

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