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Gynécologie

Saignements anormaux, polypes, fibromes : pensez à la chirurgie hors bloc !

Par Youssra Khoummam

L’avantage de la chirurgie hors bloc opératoire réside dans sa capacité à être beaucoup moins angoissante pour les patientes. Réalisée en consultation sans recours à une anesthésie générale ou locorégionale, cette approche se veut rassurante.

Mariakray/istock
Les règles abondantes, accompagnées de fatigue, de gêne, d'une éventuelle anémie et d'une altération de la qualité de vie, ne sont pas inévitables. Il existe désormais des solutions adaptées à chaque femme : stérilet à la progestérone, traitement hormonal, chirurgie.
Sous anesthésie locale, en dehors du bloc opératoire et sans hospitalisation, ces interventions mini-invasives peuvent résoudre le problème des règles abondantes et des métrorragies.
À ce jour, plusieurs centaines de patientes en France ont bénéficié de ces interventions réalisées en dehors du bloc opératoire et sous anesthésie locale, par des équipes expérimentées dont le Dr Vincent Villefranque.

Les saignements anormaux représentent la première cause de consultation en urgence chez les patientes de la tranche d’âge 30/40 ans. “Ces pathologies sont attachées à des pathologies que l’on arrive facilement à identifier, que ce soit un polype, un fibrome, une endométriose de l'utérus, ou un dérèglement hormonal. Ce dernier est assez fréquent, notamment après 45 ans, mais on a différentes solutions thérapeutiques”, explique le Dr Vincent Villefranque, chef du service gynécologie du Groupement hospitalier Eaubonne-Montmorency (Val d’Oise).

“L'hystérectomie est toujours mal vécue par les patientes.”

L'hystérectomie, pendant très longtemps, restait quelque chose de quasi-inévitable pour la majorité des patientes. “Avant, si une patiente avait un problème de saignement, cela se terminait au bloc opératoire en retirant l’utérus. L'hystérectomie est toujours mal vécue par les patientes. C'est une mutilation, une perte de féminité, une perte de capacité à donner la vie. C'est toujours compliqué : c'est une hospitalisation, un arrêt de travail d'un mois, etc. C'est une intervention chirurgicale lourde et si on doit y retourner une deuxième fois pour autre chose, cela sera bien plus compliqué.

“Cibler la lésion sans retirer l'utérus” !

L'idée est donc de réaliser des explorations pertinentes pour un diagnostic précis, permettant ainsi de cibler efficacement le traitement et d'augmenter les chances de préserver l'utérus. Selon le Dr Villefranque, l'examen clinique est essentiel et se base sur des procédures simples comme l'échographie. Si nécessaire, une hystéroscopie peut être réalisée : une petite caméra est introduite dans l'utérus pour déterminer avec précision l'origine du saignement. 

​​Il est crucial d'identifier la lésion pour affiner au mieux la stratégie de traitement de sorte à ce qu’elle soit la plus minime possible. “La philosophie de ces traitements est de cibler la lésion sans retirer l'utérus, résolvant ainsi le problème des saignements sans recourir à une intervention mutilante. Les pathologies les plus fréquentes sont les polypes et les fibromes. Une avancée significative dans ce domaine est la morcellation hystéroscopique, qui a considérablement amélioré les techniques de traitement”, détaille le chirurgien lors d’une conférence de presse organisée par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

“Ce sont les patientes qui viennent toutes seules avec leur voiture et qui repartent toutes seules avec leur voiture.”

La morcellation hystéroscopique est une technique chirurgicale utilisée pour enlever des tissus anormaux, tels que des polypes ou des fibromes, de l'utérus. Cette méthode se fait via un hystéroscope, un instrument mince et tubulaire muni d'une caméra, qui est inséré dans l'utérus par le vagin. “L'avantage c'est qu'il n'y a pas de courant électrique ce qui fait qu'en termes de tolérance c'est très peu douloureux.” Une fois en place, des instruments spécialisés sont utilisés pour morceler, c'est-à-dire découper en petits morceaux, les tissus anormaux. “C'est une chirurgie qui dure en général 1 minute 30. Il y a très peu de douleurs post-opératoires. Ce sont les patientes qui viennent toutes seules avec leur voiture et qui repartent toutes seules avec leur voiture.”

Les techniques de masques et d’hypnose sont utilisées et se révèlent très efficaces pour aider les patientes à se "déconnecter pendant l'intervention". De plus, cette méthode n’impacte pas la vie familiale, ce qui permet une reprise d’activité quasi-immédiate. Les patientes ayant eu recours à cette technique expriment "une grande satisfaction quant à leur expérience et leur récupération rapide".