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Obésité / surpoids

Obésité : stop aux préjugés !

Par Youssra Khoummam

La stigmatisation et le jugement des personnes en situation d’obésité qui est, rappelons-le, une maladie, peuvent entraîner une perte de confiance en soi et en les professionnels de santé, mettant en péril la poursuite de la prise en charge médicale.

Halfpoint/istock
La stigmatisation des obèses peut entraîner des conséquences psychologiques, comme la dépression ou encore une faible estime de soi.
La journaliste Hélia Hakimi-Prévot en a fait un livre, intitulé "La vérité sur l'obésité" qui traite des problématiques médicales, sociétales et mentales de cette maladie.
Selon l’INSERM : “45 % des personnes interrogées présentaient des scores élevés témoignant d’une adhésion à l’idée que l’obésité est due à un manque de volonté.”

“En février dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) a actualisé son guide sur le parcours de soins pour le surpoids et l'obésité chez les adultes. Une des mesures phares est l'importance de former les médecins et les spécialistes sur la manière d'aborder le sujet de l'obésité, tant au niveau des mots utilisés que des attitudes adoptées, afin de lutter contre la stigmatisation. Quand un patient sort du cabinet médical et qu'il s'est senti stigmatisé par son propre médecin, il n'a plus du tout envie de persévérer et de se prendre en charge d'un point de vue médical. Et la HAS propose aux médecins de se former, de faire des formations continues, notamment pour le médecin généraliste, et également pour tous ceux qui le souhaitent, pour pouvoir mieux comprendre les patients en situation d'obésité et aborder une relation de confiance non stigmatisante avec", explique Hélia Hakimi-Prévot, journaliste et auteure du livre “La vérité sur l’obésité” aux éditions Robert Laffont lors d’un déjeuner de presse autour de cette thématique.

“Un simple regard peut parfois affecter la relation médecin-patient”

Le professeur Lionel Collet, président de la HAS, insiste également sur l'importance d'une approche empathique et respectueuse : "Nous le savons, un simple regard peut parfois affecter la relation médecin-patient, tout comme le choix des mots et l’environnement dans lequel il est reçu. Il est essentiel d’adopter une posture de non-jugement et d’écoute vis-à-vis des personnes en surpoids ou en obésité, je pense en particulier aux adolescents. L’engagement des patients dans leur prise en charge en dépend."

Quel regard face à l’obésité ?

L'obésité est souvent mal comprise et réduite à une question de responsabilité individuelle, alimentant des préjugés et de la stigmatisation. Beaucoup pensent que les personnes obèses mangent trop et bougent trop peu, les qualifiant à tort de paresseuses, négligées et manquant de volonté.

Une étude menée par l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN) de l’Université Sorbonne Paris Nord et Université Paris Cité, Inserm, INRAE, CNAM, le Centre de Recherche en Épidémiologie et Statistiques (CRESS) et les services de Nutrition de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et de l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP), révèle des résultats sur les préjugés liés à l'obésité. Selon cette étude, seulement 9 % des participants (12 % des hommes et 6 % des femmes) affichaient des préjugés négatifs. 

La préoccupation excessive pour le poids est le préjugé le plus courant, touchant 55 % des participants (62 % des femmes et 47 % des hommes). Ce préjugé est particulièrement élevé chez les personnes obèses et les étudiants, indépendamment du sexe. On ne sait pas encore si cette préoccupation est liée à des questions de santé ou à des critères de beauté “sociétaux”.

Concernant le préjugé du "manque de volonté", 45 % des répondants (38 % des femmes, 54 % des hommes) pensent que l'obésité est due à un manque de volonté. Les personnes obèses ont des scores plus faibles, indiquant une certaine internalisation de ce préjugé. Un niveau d'éducation plus bas est également associé à des scores plus élevés, suggérant que l'éducation joue un rôle crucial dans la réduction des préjugés liés au poids.