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Sémaglutide

Des médicaments contre le diabète associés à une maladie oculaire rare

Par Stanislas Deve

Des chercheurs ont mis en évidence un potentiel lien entre le sémaglutide, médicament prescrit contre le diabète de type 2 ou le surpoids, et une maladie oculaire rare qui provoque la cécité d’un œil.

aprott / istock
Une nouvelle étude révèle pour la première fois que les patients qui se sont vus prescrits ces traitements auraient un risque accru d’être touchés par une affection oculaire rare, la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION).
Une nouvelle étude révèle pour la première fois que les patients qui se sont vus prescrire ces traitements auraient un risque accru d’être touchés par une affection oculaire rare, la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION).
Les patients diabétiques auxquels on avait prescrit du sémaglutide étaient ainsi "plus de quatre fois plus susceptibles" d’être touchés par une NAION. Les personnes en surpoids ou obèses sous ces médicaments, de leur côté, étaient "sept fois plus à risque".
L’étude ne prouve toutefois "pas de lien de causalité", le nombre de cas de NAION observés au cours de la période de suivi de six ans étant "relativement faible".

Le sémaglutide, commercialisé sous les noms d’Ozempic ou de Wegovy, est un médicament couramment utilisé pour traiter le diabète de type 2 ou favoriser la perte de poids en réduisant l’appétit. Mais est-il vraiment sans danger ?

Une nouvelle étude, publiée dans la revue JAMA Ophthalmology, révèle pour la première fois que les patients qui se sont vus prescrire ces traitements auraient un risque accru d’être touchés par une affection oculaire rare, la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION).

Le sémaglutide augmenterait le risque de cécité d’un œil à cause d’une maladie rare

La NAION est une maladie qui affecte jusqu’à dix personnes sur 100.000 dans la population générale. Causée par une réduction du flux sanguin vers le nerf optique, qui relie l’œil au cerveau, elle provoque une cécité soudaine et permanente d’un œil. Une affection "indolore", selon un communiqué, mais contre laquelle il n’existe à ce jour aucun traitement ni remède.

Les chercheurs à l’origine de l’étude, résidents de l’hôpital Massachusetts Eye and Ear et de la Harvard Medical School, aux Etats-Unis, ont décidé de mener l’enquête à la fin de l’été 2023, après avoir remarqué "une tendance inquiétante". En l’espace de seulement une semaine, trois de leurs patients avaient été diagnostiqués d’une perte de vision imputée à une NAION alors qu’ils prenaient les médicaments amaigrissants en question.

Compte tenu de la rareté de la pathologie, ils ont décidé d’examiner rétroactivement les dossiers médicaux de plus de 17.000 patients diabétiques, en surpoids ou obèses, et traités depuis six ans par Ozempic ou Wegovy – dont l’utilisation "a explosé dans les pays industrialisés" ces dernières années. Ils les ont ensuite comparés avec les données de patients qui utilisaient d’autres médicaments contre le diabète de type 2 ou facilitant la perte de poids.

Résultat, il est apparu que les patients diabétiques auxquels on avait prescrit du sémaglutide étaient "plus de quatre fois plus susceptibles" d’être touchés par une NAION. Les personnes en surpoids ou obèses sous ces médicaments, de leur côté, étaient "sept fois plus à risque".

Pas de lien de causalité démontré entre sémaglutide et NAION

A noter toutefois que l’étude "ne prouve pas de lien de causalité", le nombre de cas de NAION observés au cours de la période de suivi de six ans étant "relativement faible". "Avec un petit nombre de cas, les statistiques peuvent changer rapidement", souligne le neuro-ophtalmologue Joseph Rizzo, auteur principal des travaux.

"Nos conclusions doivent être considérées comme significatives mais provisoires, car d’autres études sont nécessaires pour les examiner dans une population beaucoup plus grande et plus diversifiée. Mais il s'agit d'informations que nous n'avions pas auparavant et qui devraient faire partie des discussions entre les patients et leurs médecins, en particulier si les patients ont d'autres problèmes connus du nerf optique comme le glaucome ou s'il y a une perte visuelle préexistante."