- Les mères porteuses présentent un taux de morbidité maternelle grave nettement plus élevé (7,1 %) que les taux observés pour les conceptions non assistées et les conceptions par FIV.
- Ces femmes ont connu des taux élevés d'hémorragies du post-partum (13,9 %) et de troubles hypertensifs (13,9 %), deux complications graves pendant la grossesse.
- Cependant, les enfants nés de mères porteuses ne semblent pas être affectés par des risques plus élevés de la grossesse.
Une récente étude, publiée dans la revue Human Reproduction, a souligné les risques encourus par les femmes qui consentent à porter un enfant pour le compte d’un "couple de parents d’intention" à qui il sera remis après sa naissance. Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs de l'université Queen's de Kingston (Canada) ont analysé 937.938 naissances dans l'Ontario entre 2012 et 2021, en comparant les résultats des conceptions non assistées, des conceptions par fécondation in vitro (FIV) et des mères porteuses.
Grossesse : plus d'hémorragies du post-partum et de troubles hypertensifs chez les mères porteuses
Les résultats, présentés durant la 40ème réunion annuelle de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) à Amsterdam, ont montré que les mères porteuses étaient confrontées à un taux de morbidité maternelle grave de 7,1 %, nettement plus élevé que les taux observés pour les conceptions non assistées (2,4 %) et les conceptions par FIV (4,6 %). En outre, chez les mères porteuses, les taux d'hémorragies post-partum étaient de 13,9 %, contre 5,7 % pour les conceptions non assistées et 10,5 % pour les conceptions par FIV. De même, les troubles hypertensifs, le problème médical le plus courant rencontré pendant la grossesse, ont affecté les mères porteuses à un taux de 13,9 %, contre 6,6 % pour les conceptions non assistées et 11,6 % pour les conceptions par FIV.
D’après l’auteure principale des recherches, Marina Ivanova, plusieurs mécanismes potentiels peuvent expliquer le risque accru de morbidité maternelle grave chez les mères porteuses. "Il s'agit notamment des différences de santé de base ou des caractéristiques sociodémographiques de celles qui choisissent de devenir mères porteuses, des différences potentielles dans les soins et le suivi prénatals, de l'impact physiologique et psychologique associé au fait de porter la vie pour une autre personne, ainsi que des effets des traitements utilisés au cours du processus de FIV."
Porter l’enfant d’une autre personne n’entraîne pas nécessairement une détérioration de l'état du bébé
Bien que les scientifiques aient observé un risque élevé de morbidité maternelle grave et d'issue défavorable de la grossesse, ils n’ont pas constaté de différence significative entre les mères porteuses, les conceptions non assistées et les conceptions par FIV en ce qui concerne l'évolution de l'état de santé des bébés jusqu'à l'âge de 28 jours. Des problèmes de santé graves ont été constatés chez 6,5 %, 6 % et 9,1 % des nouveau-nés, respectivement.
"En revanche, chez les femmes de la population générale, une morbidité maternelle grave est associée à un risque plus élevé de morbidité néonatale grave. Cette différence justifie donc un examen plus approfondi. (…) Ces résultats soulignent l'impact du statut socio-économique sur notre santé reproductive et la nécessité d’encadrer et de faire bénéficier les femmes qui se portent candidates pour porter l’enfant d’une autre personne à de meilleurs soins", a conclu l’équipe.