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QUESTION D'ACTU

L'interview du week-end

Blessures de l’été : “le plus important est de ne pas paniquer et de garder son sang froid”

Une brûlure en retournant les brochettes lors d’un barbecue, un méga coup de soleil après une sieste à la plage, une chute en balade… L'insouciance des vacances peut conduire tout droit à l'hôpital. Dr Eric Reboli, médecin urgentiste, partage ses conseils pour que les congés estivaux restent un bon souvenir.

Blessures de l’été : “le plus important est de ne pas paniquer et de garder son sang froid” nito100/istock




Pourquoi Docteur : Chaque année, les accidents de la vie courante sont à l’origine de 5 millions de consultations aux urgences, plusieurs centaines de milliers d’hospitalisations, et surtout plus de 20.000 décès en France. Mais quel type d’intervention met-on exactement derrière ce terme assez vaste ? 

Dr Eric Reboli : Les accidents de la vie courante sont tous les accidents qui surviennent en dehors de la vie professionnelle. C'est-à-dire qui ont lieu dans la vie privée. Au domicile bien sûr, mais également lors des pratiques sportives ou d’activités que j'appellerai “dilettantes” comme lors d’un barbecue ou d’un jeu avec ses proches.

Tout au long de l’année, le sport est un gros pourvoyeur d’accidents de la vie courante aux urgences. Les cas de chutes, de traumatismes à la cheville, de fractures ou de douleurs sont très nombreux, notamment pendant les périodes de manifestations sportives.

"Les coups de soleil sont aussi des motifs de consultations récurrents pendant l’été"

Quels types d’accidents voyez-vous le plus aux urgences pendant les vacances estivales ? 

La météo et les vacances ont un effet important sur l’accidentologie. Dès qu’il fait beau, les gens sortent. Ils font du vélo, ils font des barbecues, ils vont à la piscine… c’est autant de situations qui peuvent conduire aux urgences en cas d'inattention. Nous avons ainsi une hausse des consultations pour des traumatismes, des brûlures, des fractures….

Pendant les vacances ou les week-ends estivaux, il y a aussi beaucoup d’accidents liés au jardinage ou au bricolage. En taillant les arbres et les haies, il y a par exemple des chutes, mais aussi des plaies avec les sécateurs ou les tondeuses. 

De plus, ce ne sont pas des accidents, au sens propre, mais les coups de soleil sont aussi des motifs de consultations récurrents pendant l’été. Les gens s’endorment dans leur jardin, sur une plage ou au bord d’une rivière, et ils arrivent très rouges et surtout avec des cloques. S’exposer au soleil sans crème solaire pendant plusieurs heures peut entraîner des brûlures au deuxième degré.

Y a-t-il des accidents de la vie courante particuliers aux enfants pendant l’été ? 

Concernant les enfants, les mesures prises ont permis de diminuer significativement les accidents de piscine. Toutefois, les moins de 6 ans reste une des populations les plus touchées, représentant 22 % de noyades accidentelles en 2021. Après la mer, la piscine et les cours d’eau sont les lieux les plus fréquents de la survenue de ce type de drame. 

Mais - comme pour les adultes - les consultations aux urgences sont surtout liées aux accidents survenus pendant le sport ou par maladresse.

Par ailleurs, les accidents de la vie courante ont peut-être aussi diminué chez les enfants, car les activités préférées des jeunes sont plus virtuelles qu’auparavant. Leurs jeux sont beaucoup plus connectés et moins physiques. Il y a moins de risque de se blesser en jouant avec une console de jeu. Cela peut amener à d’autres pathologies liées à l’obésité ou une mauvaise hygiène de vie, mais c’est un autre problème. 

Accidents de la vie courante : "Il est essentiel d’appliquer les gestes de premiers secours"

Quels sont les bons gestes à avoir après un accident de la vie courante pendant ses vacances ?

Si la blessure est grave ou si vous ne savez pas si elle nécessite une prise en charge médicale, il faut appeler le 15. Mais, le plus important est de ne pas paniquer et de garder son sang-froid face à un accident. Il est essentiel d’appliquer rapidement les gestes de premiers secours. Par exemple, il faut comprimer s’il y a une plaie importante. Si le patient respire mal, il faut le mettre en position assise. Et surtout s'il ne respire plus et que son cœur ne bat plus, il faut faire un massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des secours.

S’il y a une plaie au visage ou à la main, il faut consulter. Une plaie à la main peut être dramatique, en effet. Lorsqu'elle est sur un tendon ou une articulation, cela peut entraîner des séquelles importantes si une infection se déclare. Et au visage, cela peut créer des séquelles esthétiques. C’est pourquoi il faut consulter au plus vite dans ces cas. Pour une plaie ailleurs - si elle ne saigne pas abondamment et si elle est peu profonde - il n’est pas nécessaire de consulter immédiatement. Le principal est de désinfecter.

Concernant les piqûres d'insectes, très fréquentes l’été. Il y a deux cas : la personne allergique et la personne non-allergique. Pour les allergiques, ils doivent toujours avoir un stylo d'adrénaline dans leur poche ou leur sac pendant les beaux jours.

Pour les non-allergiques, pas d'inquiétude. Cela peut gratter, gonfler ou être rouge, mais les risques de complications sont minimes. Pour réduire la douleur, le premier réflexe à avoir est de chauffer la zone piquée avec un sèche-cheveux par exemple. Il faut savoir que le venin des abeilles, des guêpes ou même de certains serpents est thermolabile. C'est-à-dire qu'il peut être dissout en étant soumis à la chaleur. Cela offre une réaction efficace et rapide qui fait disparaître la douleur. Ensuite, il suffit de mettre un pansement à l’alcool pour désinfecter.

Brûlures : "il n’y a qu’une chose à faire, mettre la zone brûlée sous l’eau à 15 degrés" 

Quelles sont les erreurs à ne pas faire face à des brûlures, fréquentes à l’époque des barbecues et planchas ? 

Les erreurs, on peut en inventer des centaines. Encore aujourd’hui, j’en découvre régulièrement des nouvelles malgré mes années d’expériences. Par exemple sur les brûlures, j’ai déjà vu du beurre, du miel, du lait… alors qu’il n’y a qu’une seule chose à faire : mettre la zone brûlée sous l’eau à 15 degrés pendant au moins 15 min, ou tant que la brûlure est douloureuse. Il n’y a que ce traitement classique qui fonctionne. Tout le reste, c’est une erreur…

Après avoir mis la brûlure sous l’eau, il faut emballer la zone brûlée avec un linge propre et sec en coton.

N'appliquez surtout pas de crème et encore moins de substances comme le beurre ou l’huile. Encore une fois, face à une brûlure, la seule bonne réponse est d’hydrater la peau avec de l’eau fraîche.

Vacances : "quelle que soit l’activité, il faut la faire avec les bonnes protections"

Quels sont vos conseils pour éviter les accidents de la vie courante pendant les vacances ? 

Par définition, un accident est difficile à éviter. Cela arrive toujours bêtement. Je n’ai jamais vu une chute intelligente ou une plaie prévisible. Mais il faut veiller à ne pas prendre des risques démesurés pendant ses vacances. Vélo, randonnée, plage… quelle que soit l’activité, il faut la faire avec les bonnes protections. On fait du vélo avec un casque, surtout pour les enfants. En montagne, on ne va pas faire de balade en tongs. Il faut de bonnes chaussures, des vêtements adaptés ou encore à boire. On ne va pas non plus au soleil sans crème solaire. On ne fait pas de skate sans casque et de protections aux genoux ou pour le scaphoïde, os de la main. S’il y a un accident, il sera moindre grâce aux protections.

Il faut aussi prévoir son programme en fonction de sa forme. Tous les ans, il y a des blessures ou des noyades, car les gens surestiment leurs capacités et se lancent dans une activité physique intense alors qu’ils n’ont pas la force ou le souffle nécessaire.

Pour éviter les visites aux urgences, il est impératif de se renseigner sur les spécificités de son lieu de vacances. À la mer, on se renseigne sur les marées, les courants, les fonds marins. On vérifie la couleur du drapeau. Si l’indice UV est de 8 ou 10, on ne fait pas de session “bronzing”. À la montagne, on vérifie que la randonnée choisie correspond aux capacités de tous les participants et on vérifie également la météo. Ce sont des petites choses logiques que tout le monde sait, mais il faut les rappeler pour réduire les accidents et leur gravité.

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