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L’exercice physique développe-t-il ou non l'appétit ?

Par le Dr Jean-François Lemoine

Est-ce la production d'endorphine liée à la pratique de l'exercice physique qui augmente l’appétit après ? Le débat n’était pas tranché, y compris sur la réalité de cette faim « post-sportive ». 

nensuria / iStock
Les endorphines sont responsables de la sensation de bonheur que provoque l’effort physique prolongé.
Les résultats des différentes recherches scientifiques sont en faveur de l’activité physique comme limiteur de l’appétit, notamment grâce à la modification du circuit de récompense par la nourriture.
Néanmoins, l’impact de l’exercice physique sur la faim dépend aussi de la personnalité de chacun, de la quantité et de la répétitivité de l’effort.

Le sport donne-t-il faim ou coupe-t-il l faim ? Le débat est d'importance car l'activité physique- au delà de tous ses bienfaits- est parfois pratiquée pour garder la ligne. Mais la question n'est pas tranchée. Est-ce la production d’endorphines qui augmente l’appétit après l’exercice physique ? La réalité de cette faim "post sportive" est en fait souvent mise en doute. Il est établi que les endorphines induisent une dépendance, mais augmentent-elles l'appétit ?

Les endorphines et le circuit de la récompense

L’effort physique prolongé se fait dans un contexte d'effort, en particulier pour les muscles et les articulations. Les endorphines sont là pour diminuer l’intensité de la douleur née de ces efforts. Mais le second rôle de ces hormones qui est aujourd’hui le plus important. Elles participent à ce que l’on appelle le "circuit de la récompense". Comme la morphine, elles induiraient un phénomène de dépendance ! Un sportif de haut niveau supporte facilement la douleur au cours de l'exercice, mais l'entraînement intensif peut se transformer en une véritable toxicomanie : les sportifs surentraînés ont souvent un besoin irrépressible de faire du sport, avec une escalade fréquente de la « dose » quotidienne, pour obtenir la meilleure sécrétion de cette hormone.

Ont-elles un effet sur la faim ? La recherche a donné une réponse scientifique, grâce aux techniques d’IRM. On connaît parfaitement les zones du cerveau qui contrôlent le plaisir de manger et gèrent la quantité nécessaire à la disparition de la sensation de faim. L’IRM permet de "voir" dans le cerveau ce que l’on appelle le circuit de récompense. Et les résultats sont plutôt en faveur d'un rôle limiteur de l'appétit de l’activité physique.

Le sport peut freiner les envies d'aliments gras et sucrés

Il semble par ailleurs que l’exercice physique, en modifiant modifie le "circuit de le récompense" par la nourriture diminue la quantité nécessaire à la satiété mais, surtout, en privilégiant des aliments moins gras, moins riches.

Une expérience qui a permis d'aboutir à ces conclusions a consisté à prendre deux groupes de volontaires. Le premier est resté devant la télévision, l’autre a eu droit à une heure d’activité physique. Puis tout le monde a été mis devant un buffet "à volonté". Les inactifs se sont dirigés spontanément vers les aliments riches en sucre et en graisses. Les sportifs, ce qu’a confirmé l’étude IRM de leur cerveau, ont vu leur réactivité aux signaux alimentaires significativement réduite.

Toutefois si, il y a quelques années, les scientifiques pensaient que tout était sous le contrôle des hormones, on sait aujourd’hui que le cerveau est sensible à l’exercice et peut en réaction changer le message de faim en la diminuant. Ceux qui, en écoutant l'adage qui dit que "45 minutes de marche pour un homme de 70 kilos représente une dépense d’environ 300 kilocalories, soit l’équivalent d’un croissant au beurre avec un peu de confiture" pensaient qu'ils pouvaient trouver là un prétexte pour se jeter après l'effort sur des viennoiseries dont ils auraient par avance éliminé l'apport calorique sont ainsi démentis par la science qui leur annonce plutôt que leur exercice fait l'effet d'un coupe-faim ! Faute d'appétit, ils conviendront que résumer l’exercice à une simple diminution de l’apport calorique est réducteur et ne présente qu’une version très partielle de l’intérêt de la pratique quotidienne.