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Gastroentérologie

Greffe d’organes : un risque accru de décès en cas de microbiote intestinal déséquilibré

Par Geneviève Andrianaly

La dysbiose intestinale, dont on parle lorsque la flore intestinale est déséquilibrée, est associée à la mortalité dans le cadre d’une transplantation d’organe.

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Lorsque la flore intestinale est déséquilibrée, on parle de dysbiose.
Une dysbiose intestinale est liée à un risque élevé de décès après une greffe, quel que soit l'organe reçu.
Des chercheurs hollandais ont identifié 23 espèces bactériennes chez les receveurs qui étaient associées à un risque plus élevé ou plus faible de décès toutes causes confondues.

La composition du microbiome intestinal est associée à diverses maladies, notamment les maladies inflammatoires de l'intestin et le diabète. Mais peu de recherches disposent des données nécessaires pour analyser le lien entre la dysbiose intestinale, à savoir un déséquilibre ou une mauvaise adaptation microbienne du microbiote intestinal, et la mortalité toutes causes confondues chez les receveurs d’organes. C’est pourquoi des chercheurs du centre médical universitaire de Groningen (Pays-Bas) ont décidé de réaliser une étude publiée dans la revue Gut.

162 receveurs d’organes sont morts

Dans le cadre de ces travaux, l’équipe a analysé les profils microbiomiques de 1.337 échantillons fécaux fournis par 766 personnes ayant reçu une greffe de reins, 334 adultes ayant bénéficié d’une transplantation de foie, 170 volontaires transplantés pulmonaires et 67 transplantés cardiaques. En moyenne, les participants, qui étaient généralement âgés de plus de 57 ans, ont reçu leur greffe environ sept ans auparavant. Les chercheurs les ont ensuite comparés aux profils microbiomiques intestinaux de 8.208 personnes vivant dans la même zone géographique du nord des Pays-Bas. Au cours de la période de suivi allant jusqu'à 6,5 ans, 162 receveurs sont décédés. Dans le détail : 88 receveurs de rein, 33 receveurs de foie, 35 receveurs de poumon et six receveurs de cœur. Selon les données, 48 sont morts d'une infection, 38 d'une maladie cardiovasculaire, 38 d'un cancer et 40 d'autres causes.

Une flore intestinale déséquilibrée est liée à un risque accru de décès après une greffe d'organe

Après ce constat, les auteurs ont examiné plusieurs indicateurs de dysbiose intestinale dans ces échantillons : la diversité microbienne, la mesure dans laquelle leurs microbiotes intestinaux différaient du microbiote de la population générale, la prévalence des gènes de résistance aux antibiotiques et les facteurs de virulence qui aident les bactéries à envahir les cellules et à échapper aux défenses immunitaires. D’après les résultats, plus les caractéristiques du microbiote intestinal des personnes greffées différaient de celles de la population générale, plus ils étaient susceptibles de mourir rapidement après l'intervention, quel que soit l'organe reçu. "Des corrélations similaires sont apparues pour l'abondance des gènes de résistance aux antibiotiques et des facteurs de virulence."

23 espèces bactériennes associées à la mortalité toutes causes confondues

L’analyse a aussi permis d’identifier 23 espèces bactériennes chez tous les receveurs de greffe qui étaient associées à un risque plus élevé ou plus faible de décès toutes causes confondues. "Par exemple, une abondance de quatre espèces de Clostridium était associée à un décès toutes causes confondues et spécifiquement à une infection, tandis qu'une abondance d'Hangatella Hathewayi et de Veillonella parvula était associée à un décès toutes causes confondues et spécifiquement à une infection. Un nombre élevé de Ruminococcus gnavus, mais un nombre faible de Germigger formicilis, de Firmicutes bacterium CAG 83, d'Eubacterium hallii et de Faecalibacterium prausnitzi ont été associés à la mort, toutes causes confondues, et plus particulièrement au cancer", ont expliqué les scientifiques.