Un patient atteint d'un cancer a bénéficié d'une greffe totale du larynx pour retrouver sa voix, une première mondiale.
Les chirurgiens de la Mayo Clinic (Arizona) qui ont pratiqué l’intervention sur Kedian espèrent que cette procédure pourra bientôt être proposée à un plus grand nombre de personnes ayant perdu leur voix à cause d’un cancer.
Greffe : à quoi sert le larynx ?
Parfois surnommé "boîte vocale", le larynx est une petite structure située au-dessus de la trachée et devant l'œsophage. Il remplit un certain nombre de fonctions importantes, contenant à la fois les cordes vocales (qui donnent le son à la voix humaine) et l'épiglotte (qui empêche les aliments et les liquides de pénétrer dans la trachée).
En cas de cancer touchant le larynx, il est parfois nécessaire d’enlever la totalité de l’organe malade. "Une fois l’opération passée, ces patients peuvent devenir dépendants d'un tube de trachéotomie, d'un tube de gastrostomie et peuvent perdre leur capacité à communiquer verbalement", expliquent dans un communiqué de presse les médecins qui ont opéré.
Une greffe du larynx permet d’éviter ces écueils, mais l'opération est délicate à réaliser et les résultats sont difficiles à prévoir. De ce fait, seule une petite poignée de personnes dans le monde a déjà profité de cette opération et uniquement en cas de lésion.
Greffe du larynx : une intervention de 21 heures
Pour tenter de vaincre son cancer, Kedian avait déjà subi plusieurs interventions qui l’avaient privé de la parole et de la capacité de déglutir. Il avait également besoin d'un tube de trachéotomie pour vivre.
Il a fallu dix mois d'attente avant qu'un larynx de la bonne taille soit disponible, puis la transplantation a été réalisée en 21 heures le 29 février 2024. Une microchirurgie d'avant-garde a alors été utilisée pour reconnecter les nerfs qui aident à contrôler la déglutition et le mouvement des cordes vocales.
Trois semaines après l'intervention, Kedian a pu dire son premier mot : "bonjour". Depuis, il a réappris à avaler et son élocution continue de s'améliorer.
"Chaque jour, la situation progresse. Je me pousse à aller plus vite parce que je veux que ces tubes soient enlevés et que je reprenne une vie normale", a-t-il déclaré. "Je veux aussi pouvoir parler et respirer normalement pour ma petite-fille. Je veux lui lire des histoires à l'heure du coucher avec ma propre voix", a-t-il également confié.
"J'aime parler aux gens partout où je vais, et avec toutes mes opérations, je n'y arrivais plus. Je me sentais bizarre et je ne voulais plus sortir nulle part", a-t-il aussi raconté.
Le rapport concernant l’intervention relatée dans cet article est publié dans la revue "Mayo Clinic Proceedings".
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