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Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : comment s’en prémunir ?

Par Mathilde Debry

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo peut évoluer vers des formes sévères voire mortelles.

Soumen Hazra / istock.
Le Haut conseil de la santé publique fait le point sur la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC).
"Ce rapport s’inscrit dans un contexte de détection récente en France du génome du FHCC chez des tiques du genre Hyalomma, vecteurs principaux à ce jour de la maladie", indiquent les experts.
De ce fait, une des principales mesures de prévention pour éviter de contracter la fièvre hémorragique de Crimée-Congo est de ne pas se faire piquer par une tique.

Dans un nouveau dossier très complet sur la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), le Haut Conseil de la santé publique (HSCP) explique comment éviter de contracter cette dangereuse maladie.

"Le Haut conseil de la santé publique a été saisi conjointement par la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) par courriel en date du 2 novembre 2023 afin de disposer de recommandations de prévention à destination de la population générale au regard du risque d’infection par le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo", peut-on lire au début du rapport. "Cette saisine s’inscrit dans un contexte de détection récente en France du génome du FHCC chez des tiques du genre Hyalomma, vecteurs principaux à ce jour de la maladie", indique le document.

Se prémunir de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo passe d’abord par la connaissance des zones à risque, soit actuellement les régions Corse, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Auvergne-Rhône-Alpes (ARA). "Sont également à risque les activités de loisir (promenade, chasse…) et professionnelle (élevage, abattage…) exposant aux biotopes potentiellement infectés", précise le HSCP.  

Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : il faut éviter les piqûres de tique

Pour éviter d’être contaminé par la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, il faut aussi éviter les piqûres de tique, l’agent Hyalomma ici en cause étant présent au sol, caché dans les débris végétaux et recherchant activement son hôte. "Par homologie avec ce qui est connu pour les virus du genre Flavivirus (virus Powassan aux États-Unis et virus de l’encéphalite à tique en Eurasie), le virus pourrait être transmis dans les 15 minutes après la fixation de la tique à l’hôte", poursuit le HSCP.

La prévention contre les piqûres de tique repose essentiellement sur le choix de vêtements couvrants et de couleur claire. Il est également conseillé de porter des chaussures fermées et d’utiliser des répulsifs cutanés. "Le contrôle régulier du corps et des vêtements lors des activités à risque est aussi essentiel puisque ce sont les tiques adultes qui piquent, qu’elles sont de relativement grande taille (8 mm) et donc visibles", soulignent les experts en santé publique.

Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : que faire en cas de piqure de tique ?

En cas de piqûre, il faut retirer la tique le plus rapidement possible et éviter l’extraction de l’animal potentiellement infecté avec les doigts, car son écrasement pourrait faciliter l’infection. "Il est recommandé d’utiliser une pince fine en prenant la tique à la base de la peau ou d’utiliser un tire-tique. Il faut également chercher à identifier la tique piqueuse, notamment en la photographiant et/ou en la recueillant dans un récipient. Hyalomma est en effet assez facilement reconnaissable à ses pattes annelées blanchâtres et ses pièces piqueuses longues", indiquent-ils.

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo peut aussi se transmettre par le sang ou les fluides corporels (les voies sexuelles et materno-fœtale sont également suspectées, NDLR). De ce fait, concernant le milieu de soins, l’OMS recommande d’utiliser les mêmes mesures de protection que celles préconisées pour la maladie à virus Ebola.

Quels sont les symptômes de la fièvre hémorragique Crimée-Congo ?

La fièvre hémorragique Crimée-Congo a été décrite pour la première fois lors d’une épidémie en 1944-1945 chez des soldats russes en Crimée. Le virus FHCC a ensuite été isolé en 1956 chez des paysans au Congo, ce qui explique sa dénomination.

Les manifestations cliniques de la FHCC peuvent être graves et leur présentation est variable. "Dans 80 % des cas, l’infection est asymptomatique ou pauci-symptomatique, et il semble que les formes de l’enfant soient d’une gravité moindre que celles des adultes", indiquent les spécialistes.

Les formes symptomatiques évoluent en trois phases qui peuvent se manifester par les symptômes suivants : fièvre d’apparition brutale, syndrome pseudo-grippal, céphalées, nausées, vomissements, diarrhées, hépatomégalie, splénomégalie, polyadénopathies, signes hémorragiques classiques (épistaxis, hématémèse, méléna...), ecchymoses cutanées ou muqueuses, troubles neurologiques, défaillance multiviscérale, thrombopénie, leuconeutropénie, cytolyse hépatique, inflammation élevée, troubles de la coagulation précoces, troubles du rythme cardiaque, polynévrites, troubles sensoriels (troubles de la vue ou de l’audition), troubles de la mémoire.

"Aucun cas humain autochtone de fièvre hémorragique de Crimée-Congo n’a, à ce jour, été diagnostiqué en France", conclut le Haut Conseil de la santé publique.