Alors que la peste est connue pour avoir ravagé l’Europe au Moyen Âge, des chercheurs publiés dans la revue Nature viennent d’identifier des traces de potentielles épidémies bien plus anciennes.
Peste : 108 personnes testées
Pour ce faire, le Dr Frederik Seersholm et ses collègues de l'université de Copenhague ont analysé les dents et les os de 107 Suédois et d'un Danois ayant vécu sur ces terres il y plus de 4.900 ans.
"Les analyses montrent que 18 de ces individus, soit 17 % de la cohorte, étaient infectés par la peste au moment de leur décès", a déclaré Frederik Seersholm dans un communiqué de presse. "En outre, nos résultats montrent que la plus jeune souche de peste que nous avons identifiée pourrait avoir eu un potentiel épidémique", a-t-il ajouté.
Peste : plusieurs vagues d’épidémies
En plus de révéler la présence de la peste, les scientifiques ont analysé l’ADN de la bactérie et celui des membres de la cohorte.
Ce travail a notamment permis à l'équipe de scientifiques d'exclure la possibilité d'une seule vague dévastatrice de peste bubonique. Une famille ayant par exemple été reconstituée sur six générations aurait subi au moins trois épidémies au cours de cette période de vie, toutes dues à des souches de peste nettement différentes. Ce schéma est familier : la peste noire de 1347-1353 a été suivie de résurgences périodiques en Europe jusqu'au XVIIe siècle.
Nous ne savons pas aujourd’hui comment la maladie s'est propagée il y a 5.000 ans dans les pays scandinaves, mais ce n'est pas par les puces comme au Moyen Âge. En effet, toutes les souches de peste identifiées par Frederik Seersholm étaient dépourvues de la mutation qui permet à Yersinia pestis de survivre dans le tube digestif de l'insecte.
L’analyse de l’ADN humain a aussi révélé une culture où les femmes étaient enterrées avec les familles de leurs maris, vivant probablement avec elles. "Nous ne pouvons cependant pas pour l'instant prouver que c'est exactement ce qui s'est passé à l’époque", a conclu avec prudence Frederik Seersholm.
La peste sévit toujours
La peste est une maladie qui sévit toujours de nos jours en Afrique, en Asie et en Amérique. En France, les derniers cas survenus datent de 1945.
Chez l’humain, la maladie revêt deux formes principales : bubonique (contractée par piqûre de puce) et pulmonaire (transmise par voie aérienne).
La peste bubonique est caractérisée, après une incubation de quelques jours, par un syndrome infectieux très sévère (forte fièvre, atteinte profonde de l’état général), accompagné d’une hypertrophie du ganglion lymphatique (bubon) drainant le territoire de piqûre de la puce.
"Dans 20 à 40 % des cas, le bubon suppure et le malade guérit après un temps de convalescence assez long. Sinon, la maladie évolue vers une septicémie très rapidement mortelle", indique l’Institut Pasteur. "Dans certains cas, le bacille atteint les poumons. En l’absence d’un traitement précoce et approprié, la peste pulmonaire est systématiquement mortelle en 3 jours", ajoute-t-il.