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Témoignage patient

Cancer de la peau : “On nous met face à un lourd diagnostic et on prend conscience de la bêtise de nos actions”

Pascale Benaksas a découvert son premier mélanome à 38 ans presque par chance, grâce à une journée de dépistage. Aujourd’hui présidente de l’association France Asso Cancer et Peau, elle milite pour faire prendre conscience aux jeunes générations de l’importance d’une protection solaire.

Cancer de la peau : “On nous met face à un lourd diagnostic et on prend conscience de la bêtise de nos actions” Pascale Benaksas/©studiocabrelli




L'ESSENTIEL
  • Pascale Benaksas a découvert son premier mélanome à 38 ans lors d'une journée de dépistage.
  • "C’était un tout petit grain de beauté de 2 mm situé sur le haut de la cuisse qui était passé de brun clair à brun foncé."
  • Aujourd'hui présidente de l’association France Asso Cancer et Peau, elle milite et rappelle : "Il faut se protéger du soleil dès que l’indice UV est à 3, qu’il y ait des nuages ou non, en mettant a minima une crème solaire SPF50."

J’ai découvert mon premier cancer à 38 ans, un mélanome SSM [à extension superficielle, ndlr]. C’était un tout petit grain de beauté de 2 mm situé sur le haut de la cuisse qui était passé de brun clair à brun foncé. Je ne m’en inquiétais pas plus que cela car je ne connaissais pas les risques.” Coup du hasard, une journée de dépistage du cancer de la peau est organisée à la même époque dans la région où vit Pascale. Elle s’y rend et rencontre un premier dermatologue qui l’alerte. “Il m’a dit qu’il n'aimait pas le tissu fibreux de ce grain de beauté et m’a conseillé de prendre rendez-vous dans un cabinet dermatologique pour le faire enlever.

“On ressentait ce stress entre patients et médecins car pris tardivement, ce cancer est très agressif.”

La mère de famille s'exécute alors sans s’inquiéter plus que cela. Un dermatologue lui enlève ce grain de beauté et elle repart sans plus y penser. À l’époque, il fallait attendre deux à trois semaines pour obtenir les résultats de la biopsie. “Un soir, le dermatologue m’appelle un peu catastrophé et me demande de passer le lendemain à son cabinet. Il m’explique que j’ai un cancer de la peau et qu’il a déjà prévenu Gustave Roussy pour une prise en charge rapide. J’étais sous le choc car je ne savais même pas que l’on pouvait associer cancer et peau.

Pascale commence alors un suivi régulier à l’hôpital pour surveiller les potentielles récidives. “C’était il y a plus d’une vingtaine d’années et il n’y avait pas encore de traitement. J’ai eu de la chance car je n’avais pas de métastases, mais pendant 10 ans, j’ai vu de nombreuses personnes disparaître dans ce centre… On ressentait ce stress entre patients et médecins car pris tardivement, ce cancer est très agressif. La survie pouvait être très très courte, allant de quelques mois à un an.

“Il faut rappeler que ce sont les rayonnements UV qui sont dangereux, et ces rayonnements traversent les nuages !”

Les années passent. Pascale apprend à surveiller les signes sur son corps et à se protéger contre le soleil. “J’ai vécu en Bretagne jusqu’à mes 30 ans et c’est la région numéro un pour les cancers de la peau car on se protège peu. La météo est biaisante, il y a souvent des nuages et dans ce cas-là, on se dit qu’il n’y a pas besoin de protection solaire car le soleil est caché. Mais il faut rappeler que ce sont les rayonnements UV qui sont dangereux, et ces rayonnements traversent les nuages !” L’actuelle présidente de l’association France Asso Cancer et Peau insiste beaucoup là-dessus : “Il faut se protéger du soleil dès que l’indice UV est à 3, qu’il y ait des nuages ou non, en mettant a minima une crème solaire SPF50.

Un autre mélanome frappe Pascale une quinzaine d’années plus tard, au niveau du visage. “Je me souviens que c’était en plein été, au moment du pont du 14 juillet. Je ne trouvais pas de dermatologue et j’avais cette petite tâche sur la tempe qui commençait à grossir, passant du stade plat à une petite boule.” Une fois le médecin trouvé, le diagnostic tombe : c’est un mélanome nodulaire, une forme de cancer de la peau qui évolue encore plus vite que le mélanome classique SSM. “Il fallait faire d’autant plus vite pour l’enlever que son emplacement était proche du cerveau, donc les métastases pouvaient rapidement migrer vers lui.” L’opération est également délicate et comporte un risque. “Quand je suis rentrée au bloc opératoire, on m’a expliqué que j’aurai l’équivalent d’une cicatrice de 5 cm ou de la taille d’un C.D. J’ai paniqué car cela pouvait manger une partie de mon œil…” Au réveil c’est le soulagement : “J’ai immédiatement touché mon visage et j’ai senti que mon œil n’était pas touché. Par la suite, j’ai eu une greffe de peau qu’ils ont prise dans mon cou et cela a bien fonctionné.

“Tout ce qui se modifie sur notre peau doit nous alerter, que ce soit un grain de beauté ou une tâche.”

Ces deux cancers ont beaucoup changé la vision de Pascale qui regrette de ne pas avoir fait plus attention. “Pour tous les types de cancers, l’annonce est lourde, mais pour le cancer de la peau c'est une sidération car on nous met face à un lourd diagnostic, avec potentiellement un pronostic vital engagé, et on se dit tout que tout cela c’est “juste” à cause du soleil… et là on prend conscience de la bêtise de nos actions !” Avec son association, elle cherche aujourd’hui à faire évoluer les mentalités sur les risques du soleil. Et c’est d’autant plus urgent que depuis les années 90, le nombre de cancers cutanés a plus que triplé en France. “J’ai pris la présidence de cette asso pour apporter mon expertise car personnellement, j’aurais peut-être pu éviter ces cancers si j’avais été bousculée à un moment de ma vie. Il faut arrêter la communication bisounours où on dit ‘mettez de la crème solaire’ mais sans réellement montrer ce que l’on craint derrière.

Tout ce qui se modifie sur notre peau doit nous alerter, que ce soit un grain de beauté ou une tâche. Et surtout, savoir qu’il y a une urgence en oncodermatologie : le grain de beauté qui saigne tout seul. Cela signifie qu’il y a beaucoup de dégâts en dessous, donc il faut très vite consulter”, conclut Pascale Benaksas.

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