Une nouvelle enquête présentée à l’ASCO par le docteur Antonio Di Meglio, oncologue et chercheur à Gustave Roussy, s’est penchée sur les liens entre le cancer du sein et la dépression.
"L’objectif de ce travail était de dessiner le profil des patientes à risque de dépression dès le diagnostic du cancer du sein afin de mettre en œuvre des stratégies ciblées pour prévenir ce risque" indique Gustave Roussy dans un communiqué de presse.
Pour atteindre cet objectif, Antonio Di Meglio et son équipe se sont appuyés sur 9.087 femmes membres de la cohorte CANTO, qui recueille depuis 2012 des données sur des patientes ayant souffert de cancers du sein localisés.
Toutes les femmes sélectionnées par Antonio Di Meglio ont été suivies pendant six ans après le diagnostic. L’ensemble de ces patientes a bénéficié d’une chirurgie, environ 90 % d’une radiothérapie, 82 % d’une hormonothérapie et 53 % d’une chimiothérapie.
Cancer du sein : 20 % des femmes suivies ont développé une dépression
"Ce travail nous a permis d’identifier plusieurs groupes de femmes en fonction de leurs symptômes dépressifs", explique Antonio di Meglio. "Au total, 70 % d’entre elles ont eu peu ou pas de symptômes dépressifs lors du diagnostic, du traitement et des 6 années qui ont suivi. Près de 7 % des patientes dans cette étude présentaient déjà des troubles dépressifs au moment du diagnostic, troubles qui se sont très vite résolus après le traitement actif (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie)", ajoute le chercheur. "En revanche, 20 % de ces femmes ont développé une dépression pendant la phase de traitement ou pendant le suivi de six ans alors qu’elles n’avaient pas forcément de troubles dépressifs avant le diagnostic" souligne le spécialiste du cancer du sein.
Si le type de traitement reçu n’est pas apparu comme un facteur de risque de dépression, les chercheurs de Gustave Roussy en ont identifié d’autres.
Ainsi, les plus âgées ont un risque accru de dépression, tout comme celles ayant un indice de masse corporelle élevé (en surpoids ou obèses), celles ayant des antécédents de troubles psychiatriques et celles ayant un niveau socio-économique plus faible. Les femmes souffrant d’anxiété, de troubles cognitifs, de fatigue et d’une mauvaise image d’elles-mêmes au moment du diagnostic de cancer du sein étaient également plus susceptibles de présenter des symptômes dépressifs.
Cancer du sein et dépression : "un soutien psychologique adapté pourrait aider"
"Le dépistage et le suivi des symptômes dépressifs sont essentiels pour intercepter la vulnérabilité psychologique des femmes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein", termine le docteur Antonio di Meglio. "Un soutien psychologique adapté ainsi que des interventions visant à atténuer les comportements à risque pour la santé comme la prise de poids, la sédentarité et la consommation d’alcool - particulièrement pendant la phase des soins - pourraient aider à réduire les symptômes dépressifs à long terme après le traitement d’un cancer du sein", conclut-il.
En France, le cancer du sein est celui qui touche le plus de femmes, nettement devant le cancer du côlon-rectum et le cancer du poumon.