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L’interview du week-end

Covid long : "La kiné permet de récupérer le souffle et de se réadapter à l’effort"

Par Geneviève Andrianaly

Essoufflements, toux, trouble de l’odorat, fatigue, douleurs musculo-squelettiques… Après une infection à la Covid-19, certains patients gardent des séquelles à moyen et long terme. À ce jour, il n’existe pas de remède connu. Cependant, les soins de kinésithérapie peuvent faire la différence pour récupérer physiquement et moralement, d’après Johann Banon, kinésithérapeute-ostéopathe aux Thermes de Saint-Gervais Mont Blanc.

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- Pourquoi Docteur : Si pour de nombreuses personnes, le coronavirus n’est plus qu’un mauvais souvenir, pour au moins deux millions de Français, cette maladie reste un cauchemar quotidien. En effet, ces patients présentent toujours des symptômes de la Covid-19, qui nuisent à leur qualité de vie, des semaines, des mois, voire même des années après l’infection. Quelle est la meilleure prise en charge pour les aider à améliorer leur état de santé et à reprendre progressivement une vie normale ?

Johann Banon : Pour rappel, le Covid long crée une inflammation généralisée du corps, ce qui dérègle complètement les différents systèmes, à savoir respiratoire, neurologique et musculaire. Donc, les gestes ou les activités faciles pour nous vont devenir une contrainte pour les malades. Dans le cadre du programme Covid long de 18 jours aux Thermes, nous avons constaté que les symptômes les plus fréquents chez les patients sont une grosse fatigue, des troubles du sommeil, un coup de pompe dans la journée, un manque d’énergie et une perte de concentration. Ils vont aussi présenter des problèmes respiratoires. Chez certaines personnes, le coronavirus a fait ressortir d’anciens troubles, comme ceux de la hanche pour une des curistes.

Ainsi, pour que la prise en charge des séquelles de la Covid-19 soit efficace, elle doit être pluridisciplinaire, mais surtout personnalisée et individualisée afin d’aider les patients à connaître leurs limites et à vivre le mieux possible avec leur maladie. En début de cure, les adultes rencontrent plusieurs spécialistes dont les compétences sont complémentaires, tels qu’un médecin thermal ORL, un psychologue, une enseignante APA (activité physique adaptée), une sophrologue, une diététicienne, un dermatologue, et une équipe de kinésithérapeutes et d'ostéopathes, dont je fais partie. À partir de cet entretien, un programme de soins thermaux et des séances de kinésithérapie respiratoire et de réentraînement à l’effort vont être établis en fonction de leurs problématiques. À la fin du programme, un bilan partagé est fait pour définir les objectifs postcures.

- En tant que kinésithérapeute-ostéopathe, quel est votre rôle dans la prise en charge du Covid long ?

En kinésithérapie, on va prendre en charge trois symptômes : la fatigue et la réadaptation à l’effort, les troubles respiratoires non-liés à l’activité physique, ainsi que les douleurs qui peuvent être diffuses ou spécifiques et ponctuelles. En clair, dans le cadre de cette maladie, cette spécialité paramédicale permet de récupérer le souffle et de se réadapter à l’effort.

Kinésithérapie respiratoire : elle "favorise l’élasticité au niveau des poumons et aide à désencombrer les bronches"

- Comment se déroulent les séances de kinésithérapie ?

Au cours du premier rendez-vous, on fait un entretien pour définir le nombre de séances individuelles. Une fois en maillot de bain, c’est-à-dire au moment des soins, on va commencer par s’intéresser aux douleurs musculo-squelettiques, car ce sont souvent les troubles dont se plaignent les patients. On va faire un massage sous l’eau thermale à 37°C, soit la température du corps, qui coule sur le thorax. En plus de favoriser la détente, il y a un travail proprioceptif, c’est-à-dire qui se rapporte à la sensibilité du système nerveux aux informations provenant des muscles, des articulations et des os.

Ensuite, on finit par la kinésithérapie respiratoire. Cette technique, effectuée avec des manipulations particulières, permet de travailler sur les raideurs au niveau des côtes, les ligaments et la fibrose pulmonaire. Elle favorise l’élasticité au niveau des poumons et aide à désencombrer les bronches. Au cours de la vie, il est essentiel pour tout le monde de maintenir sa souplesse et de gagner en volume pulmonaire ainsi qu’en endurance. En cas de problèmes du souffle, on peut s’auto-rééduquer en faisant du vélo, par exemple. C’est vraiment important, car si on arrive à bien respirer, on aura un sommeil de meilleure qualité.

Autre point crucial dans le cadre de la cure : les curistes sont confrontés à un changement climatique bénéfique à l’appareil respiratoire. En effet, les activités physiques dans cet environnement de moyenne montagne assurent une réoxygénation. À la fin du programme, les patients retrouvent du confort, ce qui leur redonne de l’énergie et confiance dans leur corps.

- Combien de temps durent-elles ?

Il faut tenir compte de la fatigabilité des patients, mais elles durent en général 30 minutes.

"Après la cure, les patients souffrant de Covid long repartent avec des outils"

- Dans quels autres cas la kinésithérapie respiratoire est-elle conseillée ?

La kinésithérapie respiratoire est recommandée en cas de bronchite chronique, d’asthme, de scoliose, de problèmes neurologiques (SLA, paralysie) ou de chirurgie abdominale. Chez les femmes enceintes, cela peut être une rééducation respiratoire afin de les aider à se servir de leur diaphragme.

- Existe-t-il des exercices de kinésithérapie respiratoire à faire chez soi ?

Après la cure, les patients souffrant de Covid long repartent avec des outils, car on leur a bien expliqué et montré la kinésithérapie respiratoire. Cependant, il est préférable qu’ils soient suivis par un spécialiste pour que les gestes soient faits en toute sécurité.