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JO de Paris

Épuisement par la chaleur : les athlètes consommant de la nicotine ont plus de risques

Par Geneviève Andrianaly

Fumer, mâcher, vapoter ou même porter un patch de nicotine accroissent le risque de souffrir d'épuisement dû à la chaleur lors d'une activité physique intense, en particulier dans un environnement chaud.

kovop58/iStock
L’épuisement dû à la chaleur est un syndrome clinique qui comprend une fatigue, une sensation de malaise, des nausées, des syncopes et d'autres symptômes non spécifiques provoqués par la chaleur.
Selon une récente étude, la consommation de nicotine augmente le stress thermique, conduisant à l'épuisement par la chaleur, en réduisant le flux sanguin vers la peau.
Lors des Jeux Olympiques, les athlètes, les spectateurs et personnes travaillant dans des environnements à haute température doivent garder "un niveau d'hydratation élevé."

"Il ne met pas en jeu le pronostic vital." D’après le Manuel MSD, l'épuisement dû à la chaleur est un syndrome clinique qui comprend une asthénie (c’est-à-dire une fatigue), une sensation de malaise, des nausées, des syncopes et d'autres symptômes non spécifiques provoqués par la chaleur. Dans ce cas, "la thermorégulation et la fonction du système nerveux central ne sont pas altérées, mais les patients sont généralement déshydratés et peuvent avoir des hausses légères de la température du corps (< 40° C)."

10 athlètes masculins ont porté un patch de nicotine ou placebo la veille d’une épreuve

Quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’été de Paris 2024, une étude révèle que les athlètes consommant de la nicotine sont plus susceptibles d’être atteints de ce syndrome. Pour parvenir à cette conclusion, des chercheurs japonais, néo-zélandais et américains ont recruté 10 sportifs masculins afin de savoir si la nicotine augmente la température corporelle, mesurée par la température du système gastro-intestinal, principalement en augmentant le métabolisme ou en diminuant le flux sanguin vers la peau. Les participants, qui n’avaient jamais consommé de nicotine, ont porté un patch de nicotine pendant la nuit, puis ont répété l'opération en portant un patch placebo. Ni les volontaires ni les scientifiques ne savaient quand ils recevaient les patchs "actifs et inactifs". Le lendemain, les hommes ont pédalé pendant une heure dans des environnements à 20°C, puis à 30°C. Après chaque essai, l’équipe a mesuré l'endurance, les températures gastro-intestinales et cutanées des adultes. L'expérience a été répétée quatre fois.

Épuisement par la chaleur : la consommation de nicotine accroît le stress thermique

Selon les résultats, parus dans la revue Journal of Applied Physiology, deux personnes ont dû quitter les essais à la nicotine à 30°C, l'un ayant atteint la limite éthique maximale pour la température gastro-intestinale et l'autre s'étant arrêté en raison de "nausées et de frissons". "La différence de la température gastro-intestinale entre les essais à la nicotine et au placebo était plus importante à 30°C qu'à 20°C, et la température cutanée était plus élevée à la nicotine qu'au placebo", peut-on lire dans les travaux. Ainsi, les auteurs en ont conclu que la consommation de nicotine augmentait le stress thermique, conduisant à l'épuisement par la chaleur, en réduisant le flux sanguin vers la peau.

JO de Paris : "Il est essentiel que les athlètes et les spectateurs boivent beaucoup d'eau"

Les scientifiques soulignent que ces données ne concernent pas seulement les athlètes, mais aussi tous ceux qui travaillent dans des environnements à haute température, notamment les militaires et les pompiers. "Des records en termes de températures pourraient être battus lors des Jeux Olympiques à Paris. (…) L'organisation des jeux en milieu urbain, avec peu d'espaces verts et beaucoup de pavés et de béton, qui absorbent la chaleur, accroît le risque d'épuisement par la chaleur pour les athlètes et le public qui les regarde. Il est essentiel que les athlètes et les spectateurs boivent beaucoup d'eau et gardent un niveau d'hydratation élevé", a déclaré Toby Mündel, auteur des recherches.