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Prosopagnosie

Cécité faciale : pourquoi certaines personnes ont-elles du mal à reconnaître les visages ?

Par Geneviève Andrianaly

Pour mieux comprendre la cécité faciale, un trouble de la reconnaissance des visages, des psychologues ont utilisé des séquences de "Game of Thrones" dans le cadre d’une étude.

Andrii Lysenko/iStock
La prosopagnosie ou la cécité faciale est une maladie qui empêche la reconnaissance des visages et qui touche environ une personne sur 50.
Selon une récente étude, la réponse neuronale à la familiarité, soit le fait de reconnaître les visages, implique des régions cérébrales liées au traitement des informations sémantiques, épisodiques et affectives.
Ainsi, la capacité des êtres humains à reconnaître les visages dépend de ce qu’ils savent des personnes (traits de caractère, langage corporel, sentiments éprouvés à leur égard), et pas seulement de leur apparence.

1 sur 50. C’est le nombre de personnes atteintes de cécité faciale ou de prosopagnosie. Il s’agit d’une maladie qui empêche de reconnaître les visages. "La reconnaissance faciale est essentielle à la vie quotidienne et aux interactions sociales. Lorsqu'une personne éprouve des difficultés dans ce domaine, cela peut avoir un impact considérable sur sa vie et ses relations, ce qui entraîne souvent des problèmes de santé mentale et d'anxiété sociale", a déclaré Timothy J. Andrews, professeur au département de psychologie de l’université d'York (Angleterre).

Cerveau : une activité cérébrale accrue dans les régions liées au traitement des informations affectives

Dans une récente étude, parue dans la revue Cerebral Cortex, le spécialiste et son équipe se sont intéressés à ce trouble de la reconnaissance des visages. Ils ont recruté 70 personnes ne présentant pas de cécité faciale et ont fait des scanners cérébraux pendant que ces derniers regardaient des séquences de la série "Game of Thrones". "Nous avons choisi cette série, car elle a captivé les gens du monde entier avec ses personnages forts et leurs personnalités profondément nuancées", a précisé Kira Noad, co-auteur des recherches. La moitié des participants connaissaient les personnages principaux de la série, tandis que l'autre moitié n'avait jamais vu la série.

Lorsque les personnages principaux apparaissaient à l'écran, les IRM montraient que chez les volontaires neurotypiques qui connaissaient les personnages, l'activité cérébrale augmentait dans les régions du cerveau associées au traitement des informations sémantiques, épisodiques et affectives. Ainsi, les adultes les reconnaissaient grâce à leur identité et ce qu’ils savaient d'eux et non leurs caractéristiques faciales. "Cependant, la familiarité a également augmenté la connectivité fonctionnelle entre les régions des visages et des scènes dans le cerveau visuel et les régions non-visuelles du réseau de familiarité", peut-on lire dans les résultats. Cependant, ces vagues d'activité étaient considérablement réduites dans le groupe de participants neurotypiques qui n'avaient jamais regardé la série.

Cécité faciale : relier le visage à des connaissances sur la personne et non à son apparence

Afin de déterminer si ces régions sont importantes pour la reconnaissance des visages, les auteurs ont ensuite répété l’expérience avec des personnes atteintes de prosopagnosie. Comme pour le groupe précédent, la moitié avait regardé "Game of Thrones" et l'autre moitié n'avait jamais vu la série. "Conformément à leur difficulté à reconnaître les visages, l'effet de la familiarité n'a pas été constaté dans les mêmes régions du cerveau que chez les adultes neurotypiques."

Face à ces résultats, l’équipe a conclu que la capacité des êtres humains à reconnaître les visages dépend de ce qu’ils savent des personnes (traits de caractère, langage corporel, sentiments éprouvés à leur égard), et pas seulement de leur apparence. "Nous devons maintenant mener d'autres travaux pour explorer plus en détail comment l'activité des différentes régions du cerveau nous permet de reconnaître les visages et quels sont les facteurs qui peuvent perturber ce processus", ont conclu les chercheurs.