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Les conseils quotidiens de nutrition

Pourquoi manger lentement aide à perdre du poids

Par le Dr Jean-François Lemoine

Prendre le temps de goûter son repas permet de laisser agir le signal de satiété. Un moyen de limiter la quantité d'aliments consommés... et de perdre du poids.

Dmytro Lastovych / iStock
Le signal de satiété avertit le cerveau que l’estomac est plein mais c'est malheureusement un signal trop tardif, ce qui pousse à se gaver.
Si le signal de faim, qui dépend de notre niveau de sucre dans le sang, est assez précis, et surtout très rapide, celui qui décide de l’arrêt des festivités est assez lent et complexe.
Conséquence : la satisfaction qui signale la fin d’un repas n’intervient que lorsqu’on a pris plus de nourriture qu’il ne le faudrait.
L'astuce : avant de céder à la tentation de reprendre une part d’un plat, il faut attendre au moins 10 minutes.

Les Français ont de plus en plus tendance à adopter le même rythme que les Américains pour leur alimentation : manger vite et céder à la tentation de manger trop ! C'est un phénomène assez nouveau puisqu'il n'y a pas si longtemps nous passions encore deux fois plus de temps à table que les Américains. Mais ce changement dans la façon dont nous nous alimentons a une conséquence très néfaste : la prise de poids et le risque d'être à notre tour frappés par un mal qui ronge la société américaine, l'épidémie d'obésité.

Mais quelle est l'explication de cette précipitation à avaler nos repas ? Pour éviter la suralimentation, la nature nous a dotés de ce que l'on appelle le "signal de satiété". C'est lui qui avertit le cerveau que notre estomac est plein et que nous avons consommé la quantité de nourriture suffisante au bon fonctionnement de notre organisme.

Le "signal de satiété" se manifeste plus lentement que le "signal de faim"

Alors, pourquoi nous ne tenons plus assez compte de ce signal ? Eh bien tout simplement parce qu'il se manifeste... trop tard ! Ce "signal de satiété" est le pendant du "signal de faim" déclenché par le niveau de sucre dans notre sang. Celui-ci est précis et rapide : notre glycémie baisse, notre cerveau nous invite à manger. En revanche, le "signal de satiété" dépend d'un processus long et complexe. Résultat, il n'apparaît que lorsque l'on a consommé davantage de nourriture que ce dont notre organisme a besoin. Certaines étude avancent que ce retard de l'apparition du "signal de satiété" serait une survivance de notre adaptabilité acrchaïque à la famine...

Attendre au moins 10 minutes entre chaque plat

Et on connait assez précisément le délai à partir duquel apparait ce "signal de satiété" : entre 10 et 20 minutes après la prise d'aliments. C'est la prise en compte de cette durée qui fait disparaître comme par magie l'envie de se resservir et qui fait toute la différence entre les effets de repas qui la respectent et ceux qui sont ingurgités trop rapidement. Concrètement, dans un mode d'alimentation qui suit la composition d'un repas en trois partie devrait imposer d'attendre au moins 10 minutes entre l'entrée, le plat et le dessert. Le problème étant que le plus souvent les repas ne reposent aujourd'hui que sur un plat principal dont l'attente de la préparation est le meilleur allié de la prise de "pain-beurre", un grand classique bien connu des restaurateurs.

Manger lentement facilite la digestion

Manger lentement, respecter le temps d'apparition du "signal de satiété", c’est aider la digestion. Garder les aliments plus longtemps dans la bouche, c’est avoir une meilleure mastication pour déchirer, broyer et malaxer. Cela évite à l’estomac de le faire alors que son véritable rôle est de bombarder, avec de l’acide, la bouillie envoyée par la bouche, les dents et la salive. Mais manger lentement, c’est aussi mieux apprécier la nourriture, ce qui est également une bonne motivation pour manger moins.

Le test des "petits pois"

Les effets sur la prise de poids du temps passé à prendre un repas s'illustre par des exemples trè§s concrets. Le test des petits pois est ansii très éloquent. Mettez une assiette de petits pois devant des convives et regardez bien le premier geste. Le maigre prend la fourchette et le gros, s’il en a la possibilité, la cuillère, voire s’aide d’un morceau de pain. Le maigre mange ses petits pois presque un à un, le gros les "pousse", en levant l’assiette. C’est une constatation qui n’a rien de médical, mais regardez bien autour de vous : la plupart des gens maigres sont désolants de lenteur à table !