Se faire opérer ou pas, la question se pose pour beaucoup en cas de hernie discale. Face aux douleurs et aux sciatiques causées par une hernie discale située dans la région lombaire (c’est le cas de la majorité des hernies discales), une équipe américaine préconise d’opter pour la chirurgie.
Publiée dans le numéro de janvier 2014 de la revue spécialisée Spine, cette étude a porté sur 1244 patients de 42 ans en moyenne souffrant d’une hernie discale lombaire opérable et diagnostiquée depuis au moins 6 semaines. 500 d’entre eux ont été tirés au sort pour être opérés tandis que les autres bénéficiaient de séances de kiné, d’exercices type école du dos pour apprendre les bonnes postures et de traitements anti-douleur oraux ou par infiltration. Malgré le tirage au sort, chacun des patients gardait la possibilité de changer de groupe et de choisir en concertation avec son médecin l’option chirurgie ou l’option kinésithérapie. Un grand nombre de patients ont donc changé d’option par rapport à ce qui avait été tiré au sort, ce qui empêche les chercheurs de conclure quant à la supériorité à court terme de l’une ou l’autre méthode.
Moins de douleur et de handicap pour les opérés
En revanche, après 8 ans de suivi, ces résultats montrent que « pour les hernies confirmées des disques lombaires, la chirurgie est plus efficace que le traitement non-opératoire pour soulager les symptômes et restaurer la mobilité ». Sur une échelle de douleur de 1 à 100, les patients opérés ont en moyenne des scores de 11 points inférieurs à ceux qui ne sont pas passés par le bloc opératoire. Des bénéfices significatifs de la chirurgie sont également mesurés sur le plan de la mobilité, des symptômes de sciatique ou encore de la satisfaction des malades. Le pic de bénéfices est atteint dans les 6 premiers mois après l’opération et ils se maintiennent encore au bout de 8 ans.
Une prise de décision partagée par le malade et son médecin
Les auteurs soulignent toutefois que 34% des personnes pour lesquelles la chirurgie était parfaitement indiquée ont préféré l’option kiné et n’ont pas changé d’avis au cours des 8 ans de l’étude. Les symptômes de ces patients ont aussi été considérablement améliorés. Pour le Dr James Weinstein, investigateur principal de cet essai, la prise de décision partagée entre patient et médecin est un élément très important. « Chaque patient de l’étude a reçu des informations objectives sur les risques et les bénéfices des différentes options de traitement qui s’offraient à lui. Ils ont donc pu faire un choix éclairé, selon leurs propres valeurs. Le fait qu’un tiers de ces patients continuent à être satisfaits de leur choix est dû en large part, je pense, à leur participation active au processus initial de prise de décision », souligne le chirurgien. Les auteurs notent également que les patients qui ont changé d’avis et ont opté pour l’opération en deuxième recours sont les moins satisfaits et les plus susceptibles d’avoir vu leur état empirer après la chirurgie.
Aux Etats-Unis, la chirurgie de la hernie discale lombaire est l’une des opérations les plus couramment pratiquée en raison du soulagement rapide de la douleur qu’elle peut procurer. En France, les spécialistes considèrent que l’intervention chirurgicale n’est nécessaire que dans 10 à 15% des cas lorsque des douleurs intenses persistent malgré 6 semaines de traitement médical bien suivi.