« Si les médecins n’en disent pas plus, c’est parce qu’ils ne le peuvent pas, pas parce qu’ils cachent des choses », a affirmé le chirurgien orthopédique parisien Gérard Saillant, accouru au chevet de son ami Michael Schumacher. Le septuple champion du monde de Formule 1 est hospitalisé au CHU de Grenoble après une violente chute survenue dimanche en fin de matinée alors qu’il skiait entre deux pistes dans la station savoyarde de Méribel. L’équipe médicale a déclaré à la presse ce matin que Michael Schumacher avait été opéré en raison d’hématomes intracrâniens mais que son état demeurait critique et son pronostic vital engagé. Neurochirurgiens et réanimateurs se sont refusés à toute spéculation quant au devenir de Michael Schumacher, ni sur ses chances de survie ni sur ses possibles séquelles.
Réduire à tout prix la pression intracrânienne
Après un violent choc à la tête, du côté arrière droit, probablement causé par une chute sur un rocher, l’ancien pilote allemand souffre d’un traumatisme crânien sévère. Son cerveau a été secoué et a heurté à plusieurs reprises les parois de sa boîte crânienne, provoquant des saignements et des hématomes. L’opération en urgence a permis de réduire ces hématomes intracrâniens mais n’a pas empêché la formation d’un oedème cérébral et l’apparition de lésions diffuses dans les deux hémisphères du cerveau. Son cerveau a donc grossi à l’intérieur du crâne, provoquant une forte élévation de la pression intracrânienne. L’urgence est donc de réduire cette pression qui pourrait sinon conduire le cerveau à s’engager vers le trou occipital par lequel passe toutes les artères vertébrales et la moelle épinière. Ce mouvement inflige une tension insupportable au tronc cérébral, une zone du cerveau vitale qui contrôle la respiration et le rythme cardiaque.
Pour éviter cette issue fatale, des traitements comme le mannitol permettent de réduire la pression intracrânienne. Un volet peut chirurgicalement être ouvert dans la boîte crânienne pour laisser plus d’espace au cerveau et aspirer plus facilement les hématomes.
Le coma artificiel pourrait durer plus d'une semaine
Pour l’heure, le Pr Jean-François Payen, chef du service d’anesthésie-réanimation du CHU de Grenoble, a expliqué que Michael Schumacher était plongé dans un coma artificiel et maintenu en hypothermie entre 34 et 35° pour protéger son cerveau au maximum. Après les 48 premières heures cruciales pour l’évolution des lésions, cette situation de coma artificiel peut durer plus d’une semaine jusqu’à ce que la pression intracrânienne ait suffisamment diminué. Il faut ensuite attendre plusieurs semaines après le traumatisme crânien pour en mesurer les séquelles sur les fonctions neurologiques, qu’il s’agisse de la cognition ou de la motricité.
Les médecins du CHU de Grenoble, qui figurent parmi les meilleurs spécialistes français de la prise en charge des traumatismes crâniens, ont souligné que l’âge de Michael Schumacher, qui doit avoir 45 ans dans quelques jours et sa forme physique de sportif de haut niveau pourraient être des atouts dans les heures décisives qui viennent.