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Pneumologie

Et si la toux chronique était héréditaire ?

Par Geneviève Andrianaly

La toux chronique, à savoir l'un des motifs les plus fréquents de consultation médicale, semble être un phénomène héréditaire.

Liubomyr Vorona/iStock
Une étude suédoise montre que la prévalence de la toux chronique est la plus élevée chez les femmes âgées de 40 à 60 ans, avec environ 21.000 patientes ayant cherché un traitement antitussif au cours de ces trois années.
D’autres recherches révèlent que les parents souffrant de toux chronique sont plus susceptibles d'avoir des enfants atteint de toux chronique.
Ce lien est indépendant de facteurs tels que l'asthme, le sexe biologique et le tabagisme.

C’est un réflexe naturel de défense qu'il faut respecter. La toux est l'expiration brusque et sonore de l'air contenu dans les poumons provoquée par une irritation des voies respiratoires. En effet, des récepteurs, situés dans la muqueuse de la trachée et des bronches, réagissent à la moindre irritation, et déclenchent des contractions des muscles impliqués dans la respiration (diaphragme, muscles intercostaux...), selon l’Assurance Maladie. La toux qui en résulte libère alors les voies aériennes (bronches, trachée et larynx) des mucosités et des sources d'agression.

"Plus de 10 % de la population souffre d'une toux chronique, dont il a été démontré qu'elle entraîne plusieurs conséquences négatives : réduction de la qualité de vie, diminution de la capacité à travailler et problèmes de voix. À l'heure actuelle, nous n'avons pas suffisamment de connaissances sur les causes de la toux et sur la meilleure façon de la traiter", a déclaré Össur Ingi Emilsson, docteur en recherche sur les poumons, les allergies et le sommeil au département des sciences médicales de l'université d'Uppsala (Suède).

Toux chronique : les femmes âgées de 40 à 60 ans sont plus touchées

Dans une étude, publiée dans la revue Plos One, le chercheur et son équipe ont voulu présenter les caractéristiques cliniques, les traitements et les comorbidités de la toux chronique dans une cohorte nationale. Pour les besoins des travaux, ils ont utilisé les données du registre national des soins de santé. Les adultes ayant au moins un diagnostic de toux et/ou les personnes ayant moins ou deux ordonnances délivrées pour des médicaments antitussifs ont été inclus. Les adultes prenant des médicaments susceptibles de provoquer la toux ou de suggérer une infection aiguë, ou diagnostiquées avec des pathologies où la toux est un symptôme cardinal, ont été exclues.

Selon les résultats, parmi les 62.963 patients identifiés, 1 à 2 % de l'ensemble de la population suédoise a consulté pour une toux chronique entre 2016 et 2018, généralement dans le cadre des soins primaires. La majorité d'entre eux (63 %) avaient présenté des signes de toux chronique inexpliquée au cours des dix années précédant leur participation aux travaux. La prévalence est la plus élevée chez les femmes âgées de 40 à 60 ans, avec environ 21.000 femmes ayant cherché un traitement pour la toux au cours de ces trois années.

"Les femmes semblent généralement avoir un réflexe de toux légèrement plus sensible, de sorte que le seuil de toux anormale est plus bas chez les femmes que chez les hommes. J'ai trouvé inattendu que seulement un à deux pour cent des patients consultent pour une toux gênante, alors que plus de dix pour cent d'entre eux sont concernés. Cela peut s'expliquer en partie par l'absence de traitements efficaces. Il semble également y avoir des différences de soins entre les différentes régions du pays", a expliqué Össur Ingi Emilsson.

Les enfants dont les parents présentent une toux chronique ont 50 % de risques d’en souffrir

Dans une autre étude, publiée dans la revue ERJ Open Research, les mêmes chercheurs suédois ont voulu déterminer si les personnes atteintes de toux sont plus susceptibles d'avoir des enfants atteints de toux et si ces associations diffèrent selon le type de toux. Pour cela, ils ont recruté 7.155 parents et leurs 8.176 enfants adultes âgés de 20 ans et plus. Ces derniers ont dû répondre à un questionnaire sur leur toux, qui a été catégorisée comme grasse ou sèche. Les scientifiques ont pris en compte leur âge, leur sexe, leur indice de masse corporelle, leurs antécédents de tabagisme, leur niveau d'éducation, l'asthme actuel, la rhinite, le reflux gastro-œsophagien nocturne.

Les résultats ont révélé que si l'un des parents avait souffert d'une toux sèche chronique, sa progéniture était 50 % plus susceptible de souffrir d'une toux sèche chronique. Ce lien était indépendant de facteurs, tels que l'asthme, le sexe biologique et le tabagisme. "Cela suggère que la toux est un trait héréditaire distinct. Le type de toux est important, car la toux sèche chez les parents n'est associée qu'à la toux sèche chez les descendants, et il en va de même pour la toux grasse", ont précisé les auteurs.

Désormais, l’équipe mène des recherches sur les variantes génétiques en collaboration avec la société islandaise deCODE genetics, qui analyse le génome humain. Leur objectif ? Identifier les variants génétiques liées à la toux chronique. "Cela pourrait permettre de mieux comprendre l'apparition de la toux chronique, ce qui pourrait déboucher sur de meilleurs traitements pour cette maladie difficile à traiter", a conclu Össur Ingi Emilsson.