- Dans une récente étude, près de 40 % des participants ont perdu au moins un proche à l'âge adulte, entre 33 et 43 ans.
- Les participants ayant perdu deux êtres chers ou plus avaient un âge biologique plus élevé que les personnes n'ayant perdu qu’un proche ou n’étant pas en deuil.
- Si la perte d'un parent, frère, sœur ou conjoint à tout âge peut avoir des répercussions durables sur la santé, les effets peuvent être plus graves au cours de périodes clés du développement comme l'enfance ou le début de l'âge adulte.
Le vieillissement biologique est le déclin progressif du fonctionnement des cellules, des tissus et des organes, qui entraîne un risque accru de maladies chroniques. Les scientifiques mesurent ce type de vieillissement à l'aide de marqueurs d'ADN connus sous le nom d'"horloges épigénétiques". "Peu de recherches se sont intéressées à la manière dont la perte d'un proche à différents stades de la vie affecte ces marqueurs d'ADN", a déclaré Allison Aiello, docteur en médecine et professeur spécialisé en longévité à l’université Columbia (États-Unis). C’est pourquoi elle a, avec son équipe, mené une étude pour vérifier les associations entre la perte d'un parent, d'un frère ou d'une sœur, d'un enfant, d'un partenaire ou d'un conjoint et le vieillissement biologique accéléré.
Vieillissement : le fait de perdre plus de deux proches est lié à un âge biologique plus élevé
Dans le cadre des travaux, parus dans la revue JAMA Network Open, les chercheurs ont utilisé les données de 3.963 personnes d’une cohorte longitudinale nationale sur la santé des adolescents et des adultes américains. Les participants ont été recrutés de 1994 à 1995 et ont été suivis jusqu’en 2018 pour évaluer la perte d’un être cher durant différentes périodes de leur vie (enfance, adolescence, vie adulte). Au cours du suivi, les volontaires ont dû fournir un échantillon de sang, car le vieillissement biologique a été évalué à partir de la méthylation de l'ADN dans le sang à l'aide des horloges épigénétiques.
Selon les résultats, près de 40 % des adultes ont perdu au moins un proche à l'âge adulte, entre 33 et 43 ans. La perte d'un parent était plus fréquente à l'âge adulte que durant l'enfance et l'adolescence (27 % contre 6 %). Une plus grande proportion de participants noirs (57 %) et hispaniques (41 %) a été en deuil par rapport aux volontaires caucasiens (34 %). Les auteurs ont constaté que les adultes ayant perdu deux êtres chers ou plus avaient un âge biologique plus élevé, selon plusieurs horloges épigénétiques, que les personnes n'ayant perdu qu’un proche ou n’étant pas en deuil.
"Certaines étapes de la vie peuvent être plus vulnérables aux risques sanitaires associés à la perte"
"Le lien entre la perte d'un être cher et les problèmes de santé tout au long de la vie est bien établi. Mais certaines étapes de la vie peuvent être plus vulnérables aux risques sanitaires associés à la perte, et l'accumulation de pertes semble être un facteur important", a indiqué Allison Aiello. Par exemple, le fait de perdre un parent, un frère ou une sœur au début de la vie peut être très traumatisant, entraînant souvent des problèmes de santé mentale, des troubles cognitifs, des risques plus élevés de maladies cardiaques et une plus grande probabilité de mourir plus tôt.
"Nous ne comprenons pas encore tout à fait comment ces deuils entraînent une mauvaise santé et une mortalité plus élevée, mais le vieillissement biologique pourrait être l'un des mécanismes suggérés dans notre étude. Les recherches futures devraient s'attacher à trouver des moyens de réduire les pertes disproportionnées parmi les groupes vulnérables. Pour ceux qui subissent une perte, il est essentiel de fournir des ressources pour faire face et traiter le traumatisme", a conclu l’équipe.