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Cécité

Une plasticité cérébrale unique est observée chez les personnes nées aveugles

Par Geneviève Andrianaly

La partie du cerveau qui reçoit et traite les informations visuelles chez les adultes voyants développe un modèle de connectivité unique chez les patients privés du sens de la vue depuis la naissance.

Serhii Hryshchyshen/iStock
Chez les adultes nés aveugles, le cortex visuel primaire a un profil stable de connexions qui est unique à chaque personne, semblable à une empreinte digitale.
Il est resté stable au fil du temps et ne change pas de manière significative en fonction de la tâche à accomplir.
"Nos résultats suggèrent que les expériences après la naissance façonnent les diverses façons dont notre cerveau peut se développer, en particulier si nous grandissons sans voir", selon les auteurs.

Même sans vision, le cortex visuel primaire chez les personnes nées aveugles n'est pas insensible. En effet, il réagit à un grand nombre de stimuli, notamment le toucher, l'odorat, la localisation sonore, le rappel de la mémoire et la réponse au langage. Cependant, les chercheurs se posent plusieurs questions sur la constance de son rôle et la possibilité qu'il présente une flexibilité dans sa fonction au fil du temps en raison de l'absence d'un fil conducteur reliant les tâches qui activent les zones primaires du cortex visuel.

La connectivité du cortex visuel primaire varie considérablement selon les patients aveugles

Dans une récente étude, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), des scientifiques de l’université de Georgetown (États-Unis) ont voulu analyser la manière dont le cerveau s'adapte chez les personnes nées aveugles. Pour cela, ils ont recruté un petit échantillon d’adultes privés du sens de la vue depuis la naissance. Ces derniers ont fait des IRM à plusieurs reprises durant deux ans. L’équipe a utilisé une technique de neuroimagerie pour analyser la connectivité neuronale dans le cerveau.

Selon les résultats, le modèle de connectivité chez les personnes nées aveugles est plus différent d'une personne à l'autre, comme une empreinte digitale individuelle, et est stable dans le temps, à tel point que la personne individuelle peut être identifiée à partir du modèle de connectivité. "Nous ne constatons pas ce niveau de variation dans la connectivité du cortex visuel chez les individus qui peuvent voir, la connectivité du cortex visuel est généralement assez constante", a déclaré Ella Striem-Amit, auteure principale des travaux.

"Les expériences après la naissance façonnent les diverses façons dont notre cerveau peut se développer"

Les auteurs ont constaté que ces schémas ne changeaient pas de manière significative en fonction de la tâche à accomplir, que les participants localisent des sons, identifient des formes ou se reposent simplement. "Nos résultats suggèrent que les expériences après la naissance façonnent les diverses façons dont notre cerveau peut se développer, en particulier si nous grandissons sans voir. La plasticité cérébrale dans ces cas libère le cerveau pour se développer, peut-être même pour différentes utilisations possibles du cortex visuel chez différentes personnes nées aveugles", a expliqué la chercheuse.

D’après l’équipe, la compréhension de la connectivité individuelle de chaque personne peut être importante pour mieux adapter les solutions de réadaptation et de restauration de la vue aux personnes aveugles, chacune en fonction de son propre schéma de connectivité cérébrale.