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Grossesse

Les fausses couches des chevaux aident à comprendre celles des humains

Par Sophie Raffin

Une étude sur les chevaux aide à mieux comprendre l’origine des fausses couches ayant lieu au cours des deux premiers mois de grossesse.

Pedro Merino Higueras/istock
Les chevaux partagent de nombreuses similitudes avec les humains en termes de chromosomes et de grossesses. Ils sont ainsi un bon modèle de recherche pour les études sur les fausses couches.
Une étude estime ainsi que 42 % des fausses couches au cours des deux premiers mois de grossesse seraient dues à des complications liées à la présence d’un troisième lot complet de chromosomes chez le foetus, une anomalie appelée triploïdie.
Les juments ont une période de gestation similaire : 11 mois contre neuf mois chez les femmes. Les embryons se développent à un rythme similaire dans les premiers stades.

10 % à 20 % des grossesses humaines se terminent par une fausse couche au cours du premier trimestre. Si elles sont généralement associées à des erreurs chromosomiques, les mécanismes et les causes restent assez mystérieux. Mais, les chevaux pourraient aider à mieux comprendre ces interruptions spontanées de grossesse, selon une étude de Cornell University parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, le 5 aout 2024.

Fausses couches précoces : les anomalies chromosomiques en cause ?

En étudiant 256 échantillons de fœtus et de placenta provenant de vétérinaires ayant traité des juments dont la grossesse avait échoué, les chercheurs ont constaté que des erreurs chromosomiques étaient observées dans plus de 5 fausses-couches sur 10 survenues avant le 110e jour de gestation. Elles étaient présentes dans seulement 1,4 % des cas au-delà de trois mois et demi.
“L'aneuploïdie (perte ou gain d'un seul chromosome entier) était principalement associée aux fausses couches au cours des 10 premières semaines de grossesse, tandis que des délétions ou des duplications d'une partie seulement d'un chromosome étaient observées dans les fausses couches après 110 jours”, précise le communiqué. L’équipe a également repéré que 42 % des avortements spontanés au cours des deux premiers mois de grossesse étaient liés à la présence d’un troisième lot complet de chromosomes chez le foetus, une anomalie appelée triploïdie.

Pourquoi cette découverte est intéressante pour la santé humaine ? "Au cours de cette période embryonnaire [jusqu'à huit semaines après la conception], la triploïdie a rarement été rapportée chez les mammifères en dehors des femmes", explique l’auteure principale Mandi de Mestre. "L'étude nous indique qu'au cours des six premières semaines de gestation, ce sera probablement la principale cause de fausse couche après la conception naturelle."

Comment les chevaux aident à mieux comprendre les fausses couches

Dans leur communiqué, les scientifiques rappellent que les recherches sur les causes des fausses couches des femmes en début de grossesse sont difficiles, car les fœtus sont "généralement perdus à la maison, laissant les scientifiques sans matériel – ni données – à étudier".

Par ailleurs, les travaux avec des animaux comme les souris présentent de nombreuses limites en raison de leur différence avec les grossesses humaines. En revanche, les chevaux se révèlent un bon modèle. En effet, les juments ont une période de gestation similaire – 11 mois contre neuf mois chez les femmes – et l’embryon se développe à un rythme similaire dans les premiers stades. Par ailleurs, le contenu génétique dans les chromosomes est très similaire entre les deux espèces. "Ce qui les rend particulièrement pertinents pour l’étude des erreurs chromosomiques", ajoute l'équipe.

Ainsi pour les scientifiques, au-delà d’offrir une meilleure compréhension des causes génétiques des interruptions spontanées des grossesse équines, cette recherche donne "un aperçu de la fréquence des erreurs chromosomiques sur la période équivalente des six premières semaines de gestation humaine" et identifie "les chevaux comme un excellent modèle pour étudier les fausses couches humaines".