Afin de renforcer la capacité à répondre efficacement aux variants imprévus, aux agents pathogènes émergents, aux transmissions zoonotiques et aux menaces inconnues, comme l'agent pathogène X, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a comparé les résultats des précédentes listes de virus et de bactéries dits "prioritaires" en matière de recherche et de développement pour les épidémies en 2017 et 2018 avec les résultats de cette année. "Il est important de noter que les résultats de 2024 intègrent pour la première fois le concept de l'approche par famille et l'ajout de l'agent pathogène prototype", peut-on lire dans un rapport publié le 30 juillet.
Pour les besoins des travaux, 200 scientifiques de plus de 50 pays ont évalué les données relatives à 28 familles de virus et de bactéries, soit 1.652 agents pathogènes. Afin de déterminer si chaque agent pathogène devait être inclus dans la liste mise à jour, les experts ont sélectionné, dans les bases de données, les virus et les bactéries, dont il existait "des preuves substantielles de leur grande transmissibilité et de leur virulence", mais également pour lesquels l’accès aux vaccins et aux traitements était limité.
Grippe A, variole du singe : les virus susceptibles de déclencher la prochaine pandémie
Selon la nouvelle liste dressée par l’OMS, plus de 30 agents pathogènes sont susceptibles de déclencher la prochaine pandémie. Parmi eux, on retrouve désormais, en plus du groupe de coronavirus connu sous le nom de "Sarbecovirus" et le "Merbecovirus" comprenant responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), le virus de la variole du singe. Pour rappel, ce dernier a provoqué une épidémie mondiale de variole en 2022 et continue de se propager dans certaines zones d’Afrique centrale. Il "pourrait potentiellement être utilisé par des terroristes comme une arme biologique", a déclaré Neelika Malavige, immunologiste à l’Université de Sri Jayewardenepura à Colombo, au Sri Lanka, qui a participé à l’étude.
Autre virus sélectionné par les experts : celui de la grippe A, notamment le sous-type H5, qui a déclenché une épidémie chez les bovins aux États-Unis. Parmi les cinq bactéries, toutes nouvellement ajoutées, figurent des souches responsables du choléra, de la peste, de la dysenterie, de la diarrhée et de la pneumonie. Deux virus de rongeurs ont également été ajoutés, car ils ont été transmis aux êtres humains, "avec une transmission interhumaine sporadique". C’est le cas du virus Nipah transmis par les chauves-souris, qui figure sur la liste, car il est mortel et hautement transmissible chez les animaux. En outre, il n'existe actuellement aucun traitement pour s'en protéger.
Pandémie : "un agent auquel nous n’avons pas pensé pourrait être important à l’avenir"
D’après les chercheurs, cette liste des "agents pathogènes prioritaires" aidera les organisations à décider où concentrer leurs efforts dans le développement de traitements, de vaccins et de diagnostics. Cependant, "certains agents pathogènes de la liste pourraient ne jamais provoquer d’épidémie, et un agent auquel nous n’avons pas pensé pourrait être important à l’avenir. (…) Nous n’avons presque jamais prédit l’apparition du prochain agent pathogène", a conclu Naomi Forrester-Soto, virologue à l'Institut Pirbright près de Woking, au Royaume-Uni, qui a également contribué à la réalisation du rapport.