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Génétique

Voici pourquoi les gènes de votre meilleur ami du lycée sont importants

Par Sophie Raffin

Une étude montre que les traits de vos amis pendant l'adolescence peuvent déteindre sur vous, en particulier ceux inscrits dans leurs gènes, et cela même une fois l'âge adulte atteint. Explication.

Drazen Zigic/istock
La composition génétique des amis à l'adolescence peut avoir des conséquences à long terme sur le risque individuel de troubles liés à la consommation de drogues et d'alcool, de dépression et d'anxiété, selon une nouvelle étude.
Les chercheurs ont découvert que les personnes ayant eu des amis à l'adolescence présentant des prédispositions génétiques à l'addiction ou la dépression, avaient plus de risques de présenter ces troubles à l'âge adulte.
Ce lien était plus fort parmi les camarades de lycée, en particulier ceux qui suivaient la même filière professionnelle ou préparatoire à l'université entre 16 et 19 ans.

Attention à l’ADN des copains d'école. Une nouvelle étude assure que la constitution génétique des amis pendant l’adolescence peut avoir des conséquences à long terme sur le risque individuel de troubles liés à la consommation de drogues et d'alcool ou encore de dépression.

Ces travaux de Rutgers University ont été publiés dans la revue American Journal of Psychiatry.

Addiction, dépression : un lien avec les prédispositions génétiques des amis

Adepte de la sociogénomique (étude de l'influence du génotype d'une personne sur les traits observables d'une autre), la psychiatre Jessica E. Salvatore s’est interrogée sur les effets des prédispositions génétiques des amis sur les jeunes. Elle a pour cela passé au crible une base de données anonymisée de plus de 1,5 million de personnes nées en Suède entre 1980 et 1998. Après avoir cartographié les individus par lieu et par école au cours de leur adolescence, l’experte a étudié les registres médicaux, pharmaceutiques et juridiques documentant leur consommation de substances et leurs troubles de santé mentale à l’âge adulte.

Les prédispositions génétiques de leurs pairs ont été déterminées en fonction des scores de risque génétique familial (des mesures personnalisées basées sur les antécédents familiaux), concernant la toxicomanie, la dépression et les troubles anxieux.

En analysant l’ensemble de ces données, les chercheurs ont découvert une association claire entre les prédispositions génétiques des amis à l'adolescence et la probabilité des participants de développer des troubles similaires à l’âge adulte. Par ailleurs, les effets étaient plus forts parmi les jeunes fréquentant la même école que parmi ceux qui vivent au même endroit.

"Au sein des groupes scolaires, les effets les plus forts ont été observés parmi les camarades de classe du deuxième cycle du secondaire (lycée, NDLR), en particulier ceux qui suivaient la même filière professionnelle ou préparatoire à l'université entre 16 et 19 ans. Les effets génétiques sociaux pour les pairs en milieu scolaire étaient plus importants pour les troubles liés à la consommation de drogues et d'alcool que pour la dépression majeure et trouble anxieux", précisent les auteurs dans leur communiqué.

Prévention : ne pas penser uniquement "individuel"

Jessica E. Salvatore reconnaît que son étude ne permet pas de déterminer l’origine du lien observé. "L'explication la plus évidente pour laquelle les prédispositions génétiques de nos pairs pourraient être associées à notre propre bien-être est l'idée que les prédispositions génétiques de nos pairs influencent leur phénotype, ou la probabilité qu'ils soient également affectés par la maladie. Mais dans notre analyse, nous avons constaté que les prédispositions génétiques des pairs étaient associées à la probabilité de troubles chez les individus cibles, même après avoir contrôlé statistiquement si les pairs étaient affectés ou non."

Si des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre cette association, l’experte recommande de prendre en compte sa découverte dans les programmes de prévention.

"Si nous voulons réfléchir à la meilleure manière de lutter contre ces troubles socialement coûteux, nous devons réfléchir davantage aux interventions sociales et basées sur les réseaux. Il ne suffit pas de penser au risque individuel."