Le déficit de l’assurance maladie pourrait atteindre 41 milliards d’euros en 2040, et 49 milliards en 2060… Ces chiffres astronomiques sont sortis des calculettes du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM). Les experts de cet organisme constitué de représentants des syndicats, du patronat, de l‘administration, ont publié fin décembre leurs projections sur l’évolution des dépenses de santé jusqu’en 2060.
D’après leur scénario, la part des dépenses totales de santé dans le PIB progresse de 2,8 points, atteignant 13,1 % en 2060. Celle des dépenses remboursées augmente de 2,3 points (10,4 % du PIB en 2060). Le problème est que sur cette même période les recettes ne progressent quasiment pas. Ainsi, le déficit augmente pendant toute la période, passant de -0,4 point de PIB en 2011 à -2,4 points en 2060. Sa hausse est sensible entre 2011 et 2020 (+0,3 point de PIB) puis s’accentue jusqu’en 2040. Le solde se dégrade à un rythme moins rapide à partir de cette date (-0,4 point en 20 ans, de 2040 à 2060, contre -1,4 point entre 2020 et 2040).
En cause, les progrès et l'organisation de soins
Les raisons de cette augmentation du déficit sont connus. Premièrement le vieillissement de la population. Il entraînera une augmentation des affections de longue durée (ALD). Selon les experts, si le taux d’individus en ALD était de 15,9 % en 2011, il pourrait se situer entre 18,7 % dans le scénario optimiste et 20,1 % dans le scénario pessimiste en 2060. Ainsi, la dépense des individus souffrant d’une ALD qui représentait 58,1 % des dépenses totales en 2011 représenterait 62,7 % de la dépense totale de soins en 2060.
Deuxième et principal motif de déficit pour le HCAAM, « le progrès technique et l'organisation des soins apparaissent comme des contributeurs importants de la dépense de santé ».
Les scénarios pour réduire le déficit
Face à ces phénomènes attendus, le HCAAM note trois solutions : augmenter les prélèvements sociaux, accroître les déremboursements de soins, et enfin celle qui a la préférence des experts du HCAAM, la maîtrise «énergique et permanente» des dépenses de santé. Le HCAAM plaide donc une nouvelle fois pour une meilleure organisation des soins de premier recours. Une solution qui devrait être déclinée dans la stratégie nationale de santé annoncée par Marisol Touraine à l’automne dernier. Une solution encouragée par le président de la République. En effet, lors de ses vœux, François Hollande a promis « des économies partout où elles sont possibles », insistant notamment sur « les excès et les abus » concernant la Sécurité sociale.