- La sclérose en plaques (SEP) est une maladie dite démyélinisante. Elle provoque une dégradation de l’isolation protectrice qui enveloppe les cellules nerveuses, appelée gaine de myéline.
- Des chercheurs ont identifié un récepteur dont l’inhibition permet de restaurer efficacement le processus de remyélinisation et, à partir de là, ont développé un nouveau médicament pour l’activer.
- La thérapie PIPE-307, qui a démontré son innocuité avec un essai clinique de phase I en 2021, est actuellement testée sur des patients atteints de SEP en phase II.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie dite démyélinisante. Elle provoque une dégradation de l’isolation protectrice qui enveloppe les cellules nerveuses, appelée gaine de myéline, laissant leurs axones (qui transmettent les signaux sous forme d’impulsions électriques) exposés comme des fils nus. Ce qui cause des problèmes moteurs et sensoriels, d’équilibre et de vision et, sans traitement, peut conduire à une paralysie.
La destruction de la myéline est entraînée à la fois par une réponse inflammatoire excessive et une incapacité à restaurer cette gaine. En limitant l’inflammation et la perte de myéline, les traitements actuels permettent "seulement" de ralentir la progression de la SEP. Une équipe de chercheurs vient toutefois de mettre au point un nouveau médicament qui pourrait changer la donne, en regénérant la myéline et en inversant les dommages causés par la maladie.
Restaurer le processus de remyélinisation des patients atteints de SEP
Les scientifiques de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) et de Contineum Therapeutics, aux Etats-Unis, ont identifié un récepteur dont l’inhibition permet de restaurer efficacement le processus de remyélinisation et, à partir de là, ont "développé une thérapie pour l’activer – la première d’une nouvelle classe de thérapies contre la SEP", selon un communiqué.
Les oligodendrocytes, les cellules productrices de myéline, sont progressivement perdus chez les patients atteints de SEP. Or la nouvelle thérapie, appelée PIPE-307 et basée sur le médicament clémastine qui a déjà fait ses preuves contre la maladie, cible un récepteur spécifique (M1R) sur certaines cellules dormantes du cerveau et, ce faisant, les incite à mûrir en oligodendrocytes. En effet, une fois le récepteur bloqué, les oligodendrocytes peuvent entrer en action, s'enroulant autour des axones pour former une nouvelle gaine de myéline.
Fait surprenant, c’est grâce à une toxine qu’on trouve dans le venin mortel du serpent mamba vert, appelée MT7, que les chercheurs ont pu déterminer où se nichait exactement le récepteur M1R dans le cerveau. "MT7, qui est délicieusement sélective pour M1R, correspond à la facture", précisent-ils. Cela a permis de confirmer que "M1R était la bonne cible pour un médicament remyélinisant", puis "de fabriquer un médicament qui le bloquait exclusivement".
Une thérapie actuellement testée sur des patients atteints de SEP
Les chercheurs, dont les travaux ont été publiés dans la revue PNAS, ont ensuite testé les effets du nouveau traitement en laboratoire et sur des modèles animaux atteints de SEP en utilisant une série d’outils pour surveiller la remyélinisation. Résultat, "PIPE-307 a bloqué le récepteur M1R beaucoup mieux que la clémastine ; il a incité les cellules à mûrir en oligodendrocytes et à commencer à myéliniser les axones voisins ; et il a traversé la barrière hémato-encéphalique". En d’autres termes, ce fut un succès.
La thérapie PIPE-307, qui a démontré son innocuité avec un essai clinique de phase I en 2021, est actuellement testée sur des patients atteints de SEP en phase II. Si elle est validée, "nous pourrions avoir une chance non seulement d'arrêter leur maladie, mais aussi de la guérir", concluent les auteurs.