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Chaleur

Activité physique : un coup de chaud est si vite arrivé !

Par le Dr Caroline Pombourcq

En ces temps de forte chaleur, l’hyperthermie maligne d’effort constitue un risque vital en cas d’activité physique prolongée et intense quand il fait chaud.

Liudmila Chernetska/iStock
L’hyperthermie maligne d’effort est une urgence médicale qui met en jeu le pronostic vital.
Le traitement de l’hyperthermie maligne d’effort repose sur une prise en charge rapide basée sur un refroidissement du corps.
Pas d’activité physique en pleine chaleur et une hydratation optimale pour éviter une hyperthermie maligne d’effort.

C’est un élément potentiellement grave auquel même les organisateurs des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 ont pensé : l’hyperthermie maligne d’effort (ou HME).

Consécutive à un exercice physique intense effectué dans des conditions climatiques défavorables comprenant la chaleur et un certain degré d’humidité (plus la chaleur est humide et moins le corps peut éliminer la transpiration), l’hyperthermie maligne induite par l’exercice physique survient typiquement chez les marathoniens. Mais bien qu’elle se produise généralement dans le milieu sportif amateur ou professionnel, elle est aussi courante chez les travailleurs, comme les ouvriers du bâtiment, en plein été caniculaire. Elle peut survenir aussi lors d’activités de loisir en plein soleil. Et c'’est une véritable urgence médicale qui met en jeu le pronostic vital.


Une température rectale qui dépasse les 40 °C

L’hyperthermie maligne d’effort se manifeste au cours ou au décours immédiat d’un exercice physique intense et prolongé. Il peut survenir dès que la chaleur dépasse 25 °C mais aussi à des températures inférieures chez certaines personnes en mauvaises conditions physiques ou atteintes de maladies chroniques. La température rectale de la personne atteinte est alors supérieure à 40 °C et s’accompagne de troubles de la conscience.

Lors de la journée à l’Académie Nationale de Médecine du 19 juin 2024 dédiée à la médecine des Jeux Olympiques et Paralympiques, le Dr Stéphane Bermon, médecin du sport, physiologiste de l’exercice à l’Institut monégasque de médecine et de chirurgie sportive (IM2S), et directeur médical de la fédération internationale d’athlétisme, précise que « l’incidence [nombre de nouveaux cas d'une maladie apparus durant une période de temps donné, ndlr] est variable mais peut atteindre 10/1000 athlètes élites en athlétisme ». Et hors athlètes sportifs, elle est un peu plus importante.

Un pronostic vital engagé

Le Dr Bermon rappelle que lors d’une HME « le pronostic vital est engagé » et qu’il existe « 27 % de mortalité si elle n’est pas bien prise en charge ». Il mentionne qu’il faut être de plus en plus prudent « compte tenu du réchauffement climatique ».

Il précise que « l’exercice en ambiance chaude induit, dans le cadre de la thermorégulation, une redistribution des flux sanguins au bénéfice des tissus cutanés. Il y a donc une hypoperfusion du tube digestif accompagné d’un possible syndrome inflammatoire généralisé avec coagulopathie [trouble de la coagulation, ndlr] ».

Les manifestations de l’HME sont souvent impressionnantes avec un « impact très important le cerveau, ainsi qu’une défaillance polyviscérale majeure [plusieurs organes se détériorent rapidement, ndlr] » pouvant entrainer le décès.

S’alarmer dès les premiers signes

Les premières manifestations du « coup de chaleur » doivent alerter : malaise, vomissements, soif intense, crampes, céphalées (maux de tête), sensations de vertige, comportement inhabituel (agressivité, désorientation…). Il faut agir dès ces premiers symptômes en prévenant les secours, mais aussi en refroidissant la personne : l’asperger d’eau, la mettre à l’ombre, la ventiler en apportant un éventuel courant d’air et la rassurer. En cas de vomissements, il faut la mettre en position latérale de sécurité et la rassurer. En revanche, il ne faut pas lui donner de médicament. Les secours s’en chargeront si nécessaire (dont une hydratation intraveineuse précoce).

Agir rapidement

Sans prise en charge rapide et adaptée, les signes d’encéphalopathie, c’est-à-dire d’atteinte du cerveau, arrivent rapidement. Ils peuvent aller de la confusion au coma, en passant par les convulsions.

Un endommagement des fibres musculaires (rhabdomyolyse) peut exister également et engendrer des douleurs (myalgie) et une faiblesse musculaire, ainsi qu’une présence anormale dans les urines (myoglobinurie) de myoglobine (une protéine présente dans les fibres musculaires).

D’autres signes sont présents comme une tachycardie ou une augmentation de la fréquence respiratoire (tachypnée).

Le Dr Bermon rappelle que des « complications cérébrales, cardiaques et musculaires sont également possibles à long terme ».


Refroidir immédiatement

Le traitement rapide est fondamental. Le refroidissement immédiat de la personne atteinte est un élément majeur. Il se fait par immersion dans l’eau froide ou, en cas d’impossibilité, de mise en place de couverture réfrigérée ou de vessies de glace sur les principaux axes vasculaires (axillaires et fémoraux).

Le Dr Bermon insiste bien sur la nécessité d’un « bain froid (2 à 12 degrés) pendant 30 minutes, et la présence d’au minimum à 2 personnes car la personne atteinte d’HME a généralement des troubles du comportement qui peuvent rendre difficile les soins ». Il précise qu’il est nécessaire de « surveiller la température corporelle grâce à une sonde rectale ».

Des facteurs de risque à prendre en compte

Selon le Dr Bermon, il faut être vigilant à « certains facteurs de risque comme les infections récurrentes ou récentes, un antécédent d’HME (une personne qui a déjà fait une HME a plus de risque d’en refaire), la personne âgée, un IMC (indice de masse corporelle) et/ou masse grasse important, un manque d’acclimatation à la chaleur pour laquelle il existe des protocoles de 8 à 10 jours ».

Le risque est également plus élevé lorsque le sport ou l’activité physique est pratiquée pendant les heures les plus chaudes de l’été, en l’absence de vent ou en présence de vent chaud, et une ambiance humide. Ces conditions climatiques ne favorisent pas l’évacuation de la chaleur par transpiration et sont donc un facteur de risque d’HME. 

Des signes d’alerte à respecter

Retenons que l’hyperthermie maligne d’effort ne survient pas que chez les athlètes. Elle peut arriver chez tout sportif amateur ou même en cas d’activité physique de loisir (bricolage, jardinage…) ou professionnelles. L’apparition de signaux d'alerte et de malaise doit alerter et faire stopper l’activité en cours. Evitez donc les activités physiques en pleine chaleur et hydratez-vous bien.