- Les membres de la famille des patients récemment sortis de l'hôpital peuvent avoir un risque plus élevé de contracter une infection résistante aux antibiotiques.
- Le risque reste présent même si le patient n'a pas reçu de diagnostic d'infection à SARM.
- "L'hygiène des mains, le nettoyage de l'environnement et les interventions standard visant à réduire la colonisation staphylococcique sont essentiels pour prévenir la propagation de bactéries résistantes dans les établissements de soins de santé", rappellent les auteurs.
Les infections résistantes aux antibiotiques sont un véritable problème de santé publique mondiale. Selon le centre européen de contrôle et de prévention des maladies, ces superbactéries sont responsables de plus de 35.000 décès par an en Europe.
Les hôpitaux sont un lieu fréquent de contamination. Et cela ne concerne pas uniquement les patients, selon une étude de la Society for Healthcare Epidemiology of America. Ses chercheurs ont découvert que les proches des malades hospitalisés font aussi face à un risque accru d'infections aux superbactéries.
Bactéries résistantes : les hospitalisations augmentent les risques pour la famille
Pour mieux comprendre comment les infections à Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) se propagent, les chercheurs ont repris une base de données de réclamations d'assurance comprenant 158 millions de personnes inscrites avec deux membres ou plus de leur famille bénéficiant du même régime.
En examinant 424.512 cas de SARM, l’équipe a remarqué que 4.724 infections dont l’origine de la contamination pourrait provenir d’un proche ayant été récemment hospitalisé et ayant reçu un diagnostic de SARM.
Plus précisément, les personnes en contact à un membre de leur famille récemment hospitalisé et atteint du SARM étaient plus de 71 fois, soit 7.000 %, plus susceptibles de contracter cette infection que celles n’ayant pas de proches hospitalisés ou exposés à la bactérie au cours des 30 jours précédents.
"Les patients peuvent être colonisés par le SARM pendant leur séjour à l'hôpital et le transmettre aux membres de leur foyer", explique le Dr Aaron Miller, chercheur principal de l'article paru dans la revue Infection Control & Hospital Epidemiology. "Cela suggère que les hôpitaux contribuent à la propagation du SARM dans la communauté par l'intermédiaire de patients sortants qui sont porteurs asymptomatiques."
Infection résistante : plus de risques même si le patient n’est pas contaminé
Toutefois, il est fort possible que le patient hospitalisé ne soit pas le seul vecteur de ces dangereuses infections. Les scientifiques ont, en effet, aussi découvert 8.064 transmissions potentielles de SARM après l’hospitalisation d’un membre n'ayant pas contracté lui-même de maladies résistantes aux antibiotiques. Avoir un proche ayant séjourné à l'hôpital mais non contaminé par ces bactéries augmentait de 44 % les risques d’être diagnostiqué avec un SARM dans le mois suivant sa sortie.
Par ailleurs, plus l’hospitalisation est longue, plus la probabilité qu’un membre de la famille contracte un SARM est élevée. Le risque s'accroît de 34 % avec un séjour de un à trois jours et de 49 % avec des hospitalisations de 4 à 10 jours. Si la prise en charge dépasse une semaine et demie, les risques que des proches du malade contractent une infection augmentent de 70 à 80 %.
"Cette étude importante illustre le risque de propagation d'agents pathogènes résistants liés aux soins de santé et met en évidence l'importance essentielle des pratiques d'infection de base", ajoute le président de la Society for Healthcare Epidemiology of America et épidémiologiste Thomas Talbot dans un communiqué.
"L'hygiène des mains, le nettoyage de l'environnement et les interventions standards visant à réduire la colonisation staphylococcique sont essentiels pour prévenir la propagation de bactéries résistantes dans les établissements de soins de santé."