L’accident vasculaire cérébral ischémique survient lorsqu’une artère du cerveau se bouche, empêchant le sang riche en oxygène et nutriments d’irriguer l'organe. Cette obstruction entraîne la mort des cellules cérébrales au niveau de la zone touchée. D’après une nouvelle étude publiée dans la revue Cardiovascular Diabetology, les conséquences de cette attaque cérébrale peuvent être aggravées lorsque la victime souffre d’hyperglycémie.
Chaque hausse de 10 % de la glycémie aggrave de 7 % le risque d’un pronostic plus sombre
Pour mener la recherche, les équipes de l’hôpital del Mar en Espagne ont examiné les données de 2.774 patients victimes d’un AVC ischémique. Des variables telles que l'âge, le diabète, le handicap, la gravité de l'AVC et le traitement reçu ont été prises en compte, ainsi que les niveaux de glycémie au moment de l’admission à l’hôpital et leur comparaison avec les niveaux habituels de chaque patient.
Résultats : des taux de glucose sanguin plus élevés que la normale ont été confirmés comme un facteur de pronostic fonctionnel et de mortalité plus mauvais trois mois après l’AVC, indépendamment des autres facteurs. Une augmentation de seulement 13 % de la glycémie par rapport aux niveaux habituels aggrave le pronostic, et ce, quel que soit le taux de glucose. Ce phénomène a également été observé chez les patients qui souffraient auparavant de diabète. “Cette variable reflète mieux l’effet du sucre au moment de l’admission du patient, et dans le groupe de patients avec des indices plus élevés, le pronostic et la mortalité sont plus mauvais”, souligne la Dr Elisenda Climent, médecin associée du service d’endocrinologie et de nutrition de l’hôpital del Mar et chercheuse à son Institut de recherche.
Concrètement, pour chaque augmentation de 10 % du taux de glucose, le risque d’un pronostic plus sombre augmente de 7 %. Chez les personnes présentant des taux plus élevés, ce risque augmente de 62 % et le risque de mortalité de 88 %.
Traitement de l’AVC : vers une approche personnalisée en fonction de la glycémie ?
“Une approche thérapeutique plus conservatrice est actuellement choisie, car les stratégies de contrôle strictes ne se sont pas avérées supérieures en raison des risques posés par les baisses de glucose pour l'état des patients. À l'heure actuelle, le sucre n'est pas traité de manière agressive chez les patients ayant subi un accident vasculaire cérébral ischémique. Notre étude peut permettre de sélectionner la population sur laquelle on peut travailler de manière plus intensive, en tirant parti des nouvelles technologies pour un suivi plus sûr”, explique quant à elle la Dr Ana Rodríguez, cheffe de la section d’accident vasculaire cérébral du Service de neurologie et chercheuse à l’Institut de recherche de l’hôpital del Mar.
Pour ce faire, les médecins comptent bien réaliser de nouvelles études. “Il est nécessaire d’étudier s’il s’agit d’un marqueur de gravité, sur lequel agir n’améliore pas le pronostic, ou s’il s’agit d’un facteur sur lequel on peut travailler pour améliorer l’état des patients présentant des taux de glucose plus élevés que d’habitude”, précise le Dr Juan José Chillarón, chef du service d’endocrinologie et de nutrition de l’hôpital del Mar et chercheur à son institut de recherche. Tout cela pourrait permettre à “ce sous-groupe de patients de bénéficier d’une insulinothérapie plus intensive, ce qui pourrait constituer un changement conceptuel potentiel dans leur approche”, note-t-il.
Selon les données de l’Assurance Maladie, en France, l'AVC est la première cause de mortalité chez la femme avant le cancer du sein et la troisième chez l'homme. Il est la première cause de handicap acquis de l’adulte et la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer.