ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Grossesse : l'exposition aux pesticides élèverait le risque de mortinatalité

Santé et environnement

Grossesse : l'exposition aux pesticides élèverait le risque de mortinatalité

Par Alexandra Wargny Drieghe

Vivre à moins de 500 mètres d’une zone où sont épandus des pesticides avant la conception et au début de la grossesse pourrait augmenter le risque de décès du fœtus après 22 semaines de gestation.

lolostock/Istock
Des chercheurs ont comparé les données des registres d’utilisation de 27 pesticides différents dans l’Arizona avec les données des certificats de naissance de l’État entre 2006 et 2020.
Ils ont constaté que vivre à moins de 500 mètres de zones où sont épandus certains pesticides 90 jours avant la conception ou au premier trimestre de grossesse, était associé à un risque accru de mortinatalité.
“Parmi les organophosphorés, l’acéphate a montré les estimations d’effet les plus fortes sur la mortinatalité, de sorte que l’exposition à l’acéphate au cours du premier trimestre était associée à un doublement du risque”, a indiqué la co-auteure Dr Paloma Beamer.

Une nouvelle étude de l’Université de l'Arizona aux États-Unis alerte sur les risques liés à l’exposition aux pesticides femmes enceintes avant et au début de leur grossesse. Les résultats ont été publiés dans l’article « Exposition aux pesticides avant la conception et au premier trimestre et associations avec la mortinatalité » et mis en ligne dans l’American Journal of Epidemiology.

Pesticides : vivre à moins de 500 mètres des champs associé au risque de mortinatalité

Pour mener l’étude, les chercheurs ont lié les registres d’utilisation de 27 pesticides différents dans l’Arizona avec les données des certificats de naissance de l’État. Celui-ci comprenait 1.237.750 naissances et 2.290 mortinaissances entre 2006 et 2020.

Ils ont constaté que vivre à moins de 500 mètres de zones où sont épandus des pesticides à base de pyréthroïdes, d’organophosphorés ou de carbamates, au cours d’une fenêtre de préconception de 90 jours ou du premier trimestre de grossesse, était associé à un risque accru de mortinatalité.

Mortinatalité : des risques qui diffèrent en fonction des pesticides

Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte les pesticides individuellement plutôt que la seule classe de pesticides dans son ensemble, car des composés chimiques spécifiques peuvent présenter des risques particuliers, a déclaré la première auteure Dr Melissa Furlong. Ils soulignent également le risque que l’exposition avant la grossesse affecte les résultats de la reproduction.

Plus précisément, avant la conception, l’exposition aux pesticides cyfluthrine, zêta-cyperméthrine, organophosphorés en tant que classe, malathion, carbaryl et chlorhydrate de propamocarbe a été liée à une hausse des naissances mort-nées. Au cours du premier trimestre, c’est l’exposition à la fenpropathrine, la perméthrine, aux organophosphorés en tant que classe, à l’acéphate et au chlorhydrate de formétanate qui a été associée à des mortinaissances. “Parmi les organophosphorés, l’acéphate a montré les estimations d’effet les plus fortes sur la mortinatalité, de sorte que l’exposition à l’acéphate au cours du premier trimestre était associée à un doublement du risque”, a indiqué la co-auteure Dr Paloma Beamer. “Dans la classe des pyréthroïdes, l’exposition à la cyfluthrine au cours des 90 jours précédant la conception a presque doublé le risque de mortinatalité.”

Selon les chercheurs, cette étude montre l’importance de développer des stratégies pour atténuer l’exposition aux pesticides des femmes enceintes, mais pas que : “Des recherches plus poussées sont essentielles pour comprendre pleinement les profils de sécurité des différents pesticides et pour comprendre les mécanismes sous-jacents de la mortinatalité induite par les pesticides”, a conclu la Dr Furlong.