ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Démence : le manque de but dans la vie pourrait signaler un risque

Déficit cognitif léger

Démence : le manque de but dans la vie pourrait signaler un risque

Par Sophie Raffin

Avoir le sentiment de ne pas avoir de but dans la vie ou peu d'opportunités d’amélioration personnelle chez les seniors pourrait précéder le développement d'un déficit cognitif léger (MCI), un précurseur fréquent de la démence.

PIKSEL/istock
Le sentiment de ne pas avoir de but dans la vie ou d'avoir peu d'opportunités de développement personnel chez les seniors peut précéder le développement d'un déficit cognitif léger, selon une nouvelle étude.
Ces aspects du bien-être psychologique diminuent sensiblement 2 à 6 ans avant le diagnostic.
L'origine de ce lien n'est pas encore déterminé.

Vous avez l’impression grandissante de ne pas avoir de but dans la vie ou peu d’opportunités pour vous améliorer ? Cela pourrait être un signe de légers troubles cognitifs selon une nouvelle étude publiée dans la revue Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry.

Des chercheurs ont, en effet, découvert que ces deux éléments du bien-être psychologique diminuent sensiblement 2 à 6 ans avant l’apparition d’un déficit cognitif léger (MCI).

Baisse du bien-être psychique : un signe de déclin cognitif futur

Pour mieux comprendre le lien entre le bien-être psychique et le vieillissement cérébral mis en lumière dans plusieurs études antérieures, les chercheurs ont suivi pendant 14 ans 910 personnes âgées en bonne santé au début de l’expérience. Elles ont régulièrement passé des examens neurologiques et médicaux, des tests cognitifs. Les volontaires avaient également une évaluation de leur bien-être psychologique, qui mesurait l'acceptation de soi, l'autonomie, le sentiment de capacité à gérer son environnement immédiat, l'établissement de liens significatifs avec les autres ou encore le développement personnel.

Au terme de l’étude, 265 participants ont présenté un MCI, dont 89 ont développé une démence. L'analyse finale est basée sur 229 participants disposant de données complètes dont 73 ayant eu une démence. Elle révèle que les personnes qui ont développé un MCI ont connu un déclin plus rapide de leur bien-être psychologique que celles ayant maintenant leurs capacités cognitives. Plus précisément, elles avaient des niveaux de but dans la vie et de développement personnel inférieurs, respectivement 3 et 6 ans avant leur diagnostic. 

Les trajectoires de bien-être étaient similaires pour tous les volontaires atteints de MCI, qu’ils aient ou non développé par la suite une démence. Ainsi, pour les chercheurs, leurs résultats montrent qu’un "bien-être psychologique réduit, même sans déficience cognitive apparente, peut-être un prédicteur de troubles démentiels ultérieurs".

Bien-être psychique et déclin cognitif : un lien bidirectionnel ?

Quels sont les mécanismes en jeu dans cette association bien-être psychologique et les fonctions cognitives ? Les chercheurs n’ont que des pistes pour le moment. "Les deux pourraient être bidirectionnels : en d’autres termes, une cognition plus faible pourrait influencer le bien-être psychologique ainsi que l’inverse. Un plus grand bien-être et une meilleure fonction cognitive peuvent également partager certains facteurs de protection", suggèrent-ils dans leur communiqué.

"Nos résultats indiquent que la croissance personnelle et le but dans la vie peuvent être plus exigeants sur le plan cognitif que d'autres composantes du bien-être, et peuvent donc servir d'indicateurs plus sensibles du vieillissement cognitif", écrivent-ils.

"De plus, nous avons constaté que les relations positives avec les autres diminuaient rapidement après le diagnostic de MCI. Les personnes dont les fonctions cognitives sont altérées peuvent être moins susceptibles de s'engager dans des activités sociales et de loisirs qu'auparavant. Ce qui peut entraîner une détérioration encore plus grande de leurs relations avec leurs amis ou avec les autres", ajoutent-ils.