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L’interview du week-end

Hypnothérapie : "Pour mieux gérer la douleur, on va la visualiser, la transformer et l’enjoliver"

Par Geneviève Andrianaly

Tendinite du poignet, arthrose à l’épaule, fibromyalgie, lombalgie… Ces pathologies provoquent des douleurs souvent invalidantes. D’après Delphine Beucher, hypnothérapeute au Centre Thermal Saint-Eloy d’Amnéville, la thérapie par l’hypnose peut aider les patients à lâcher prise, contrôler l’intensité de cette sensation désagréable et retrouver les ressources pour mieux la supporter au quotidien. Explications.

Antonio_Diaz/iStock

- Pourquoi Docteur : Ces dernières années, l’hypnose est de plus en plus pratiquée, notamment dans certains hôpitaux pour réduire anxiété et douleur chez le patient hospitalisé. Mais en quoi cela consiste-t-il ?

Delphine Beucher : À l’opposé de l’hypnose de spectacle ou de l’hypnose de rue, qui peut faire écho à tout un imaginaire, notamment sur la manipulation et le contrôle, l’hypnose, qui a ici comme principal but le soin, est une thérapie qui permet d’être en accord avec son corps et son esprit. Par la parole, cette méthode va induire chez le patient un état modifié de conscience caractérisé par une indifférence à l’extérieur et une capacité fortement accrue à recevoir des suggestions. En approchant son inconscient, qui n’injecte que du positif et ne prend pas en compte le négatif, il va accepter ses traumatismes, à savoir tous les bagages portés depuis son enfance, ce qui permet de remonter à la source de son problème. Une fois identifié, le patient va mettre en place des solutions afin de s’en libérer et de s’alléger. Car oui, je ne suis pas magicienne. Ce n’est pas moi qui va faire le travail, je l’accompagne et le guide uniquement pour l’aider à trouver des solutions. Ainsi, si la personne pense avoir un problème qui relève de la médecine, elle doit demander l’avis d’un médecin, car la séance d’hypnose n’est pas une consultation médicale. De même, elle ne se substitue en aucun cas à un traitement médical.

Hypnothérapie : "Tout le monde peut y avoir recours, sauf les personnes présentant des troubles de la personnalité"

- Dans quels cas l’hypnose peut-elle vous être proposée ?

La thérapie par l’hypnose peut être conseillée en cas de certains de douleurs chroniques, de problèmes d’estime et de confiance en soi, d’anxiété, de dépression, d’addictions, comme le tabac, des problèmes de sexualité, des troubles du comportement alimentaire. On peut également y avoir recours pour perdre du poids. Dans ce cas, si une personne ne s’arrête jamais de manger, on va essayer de comprendre si elle comble un manque ou si c’est lié à un élément transgénérationnel, par exemple le fait de manger lui rappelle sa mère qui est décédée.

- Est-elle accessible à tous ?

Tout le monde peut avoir recours à l’hypnose, sauf les personnes présentant des troubles de la personnalité, comme la schizophrénie, l’épilepsie, les psychoses, les troubles cardiaques sévères et la paranoïa. Elle est aussi contre-indiquée pour les adultes ayant des problèmes cardiaques, car durant la séance, la respiration et le souffle sont ralentis pour atteindre un état de bien-être.

Chez les enfants de plus de quatre ans et demi, qui font une séance en raison de crises de colère, d’énurésie ou encore de phobies scolaires, cette méthode fonctionne bien, car ils ont beaucoup d’imagination.

Durant la séance d'hypnose, "on fait appel à l’imagination de la personne"

- Chez les patients présentant des douleurs chroniques, comment cette méthode permet-elle de les atténuer ?

En général, le cerveau retient principalement ce qui fait mal. Pour mieux gérer la douleur, on va dire au patient de la visualiser, en n’employant pas de mots négatifs, comme "mal" ou "douleur", mais plutôt avec des termes comme "sensations désagréables". Ensuite, on lui demande de la transformer, plus précisément on l’incite à trouver un moyen de l’enjoliver.

- Comment se déroule une séance d’hypnose ?

Lors du premier rendez-vous, on commence toujours par une anamnèse. On va échanger avec le patient et lui poser des questions afin de mieux comprendre ses besoins, ses objectifs et ses antécédents. Ensuite, on enchaîne avec la mise en transe pour partir tranquillement, être en état de bien-être et permettre à la personne de se focaliser sur lui-même. Pour cette étape, sa respiration, les mots, le timbre et le rythme de la voix de l’expert sont des éléments clés. Une fois que le patient oublie ce qui se passe dans son environnement, on passe à la visualisation au cours de laquelle on lui demande, par exemple, de ressentir la douleur ou de prendre conscience de sa localisation. Puis, on le pousse à la modifier et la transformer pour qu’elle soit plus confortable pour lui, par exemple avec une main magique, avec du chaud ou du froid. Par exemple, chez les enfants, certains perçoit leur douleur comme une pelote de laine avec plusieurs nœuds, on va leur demander de trouver une solution pour les retirer. Dans ce cas, on fait appel à l’imagination de la personne.

"Il faut une dose de volonté" pour que l'hypnothérapie soit efficace

- Quelles sont la durée et la fréquence des séances ?

Une séance dure entre 45 minutes et une heure. Quant à la fréquence, la personne peut revenir 15 jours ou trois semaines après sa première séance, mais cela dépend de sa problématique et également de son investissement, car elle doit utiliser les outils, que je leur propose, chez eux pour changer leurs habitudes. Le patient doit être acteur de son bien-être.

- Que faire pour que les séances soient efficaces ?

Pour que ça fonctionne, il faut une dose de volonté, notamment pour certaines problématiques comme l’arrêt du tabac. Le patient doit désirer entrer en hypnose et résoudre son problème. Elle ne doit pas venir, car une tierce personne lui a demandé ou suggéré d’avoir recours à l’hypnose. Il faut aussi qu’elle ait confiance en son hypnothérapeute et qu’elle ait une bonne capacité à suivre les instructions. Si tous ces facteurs sont réunis, la personne va changer lorsqu’elle va commencer la thérapie par l’hypnose. En général, c’est l’entourage qui le remarque en premier.