Certains malades dans le coma ou dans un état végétatif en raison de lésions cérébrales graves, répondraient “secrètement” aux instructions qui leur sont données.
Des chercheurs du Mass General Brigham ont remarqué que les scanners cérébraux ont détecté des signes de conscience chez certains patients souffrant de lésions cérébrales graves et ne montrant pas de réaction physique à leur environnement.
Leur étude a été publiée dans la revue New England Journal of Medicine, le 15 aout 2024.
Lésion cérébrale et coma : la conscience détectée chez 25 % des patients
Afin d’évaluer plus précisément l’incidence de la dissociation cognitive motrice (trouble de la conscience consécutif à une lésion cérébrale où le patient ne réagit plus, mais présente des capacités cognitives), les chercheurs ont suivi 241 participants souffrant de lésions cérébrales graves qui ne répondaient pas à une instruction simple. Ils leur ont fait passer une IRM fonctionnelle (IRMf), un électroencéphalogramme (EEG) ou les deux. Pendant ces examens, les patients ont entendu des instructions telles que "imaginez ouvrir et fermer votre main". Elles étaient suivies 15 à 30 secondes plus tard par "arrêtez d'imaginer ouvrir et fermer votre main".
Les tests ont révélé que 25 % d’entre eux avaient des réponses cérébrales suggérant qu’ils suivaient “mentalement” cette instruction à plusieurs reprises et pendant plusieurs minutes bien que les professionnels ne perçevaient pas de mouvement. Ce chiffre est plus élevé que l'évaluation donnée dans la première étude sur la dissociation cognitive motrice. Elle avait estimé que ce phénomène survenait chez 15 à 20 % des patients inconscients ayant des atteintes cérébrales.
Par ailleurs, le taux de diagnostic de dissociation cognitivo-motrice était plus important chez les participants examinés avec un IRMf et un EEG. Ce qui suggère que plusieurs tests, utilisant différentes approches, pourraient être nécessaires pour évaluer correctement le niveau de conscience d’un malade.
"Certains patients souffrant de lésions cérébrales graves ne semblent pas comprendre le monde extérieur. Cependant, lorsqu'ils sont évalués à l'aide de techniques avancées telles que l'IRMf et l'EEG basés sur des tâches, nous pouvons détecter une activité cérébrale qui suggère le contraire", explique l'auteure principale de l'étude, Yelena Bodien, dans un communiqué.
Dissociation cognitivo-motrice : une découverte qui peut changer les soins
"Ces résultats soulèvent des questions éthiques, cliniques et scientifiques cruciales : comment pouvons-nous exploiter cette capacité cognitive invisible pour établir un système de communication et promouvoir un rétablissement ultérieur ?", estime l’experte. Ses collègues et elle notent également que le fait de savoir qu’une personne est consciente sur le plan cognitif et a davantage de capacités qu’il n’y paraît immédiatement peut également modifier les soins cliniques reçus.
"Les familles nous ont dits qu'une fois qu'un résultat de test positif révélant une dissociation cognitive motrice est partagé avec l'équipe clinique des patients, cela peut changer la façon dont l'équipe interagit avec leur proche", explique Yelena Bodien. "Soudain, l’équipe prête plus attention aux signes comportementaux subtils qui pourraient être sous contrôle volontaire, ou parle au patient, ou encore joue de la musique dans la pièce."
La spécialiste ajoute que "ne pas détecter une dissociation cognitive motrice peut avoir de graves conséquences, notamment le retrait prématuré du système de survie et le manque d’accès à une rééducation intensive".