Les différences entre les hommes et les femmes sont assez nombreuses. Et, il semblerait qu'elles se voient aussi dans la manière dont nos muscles gèrent le sucre et les acides gras.
Voici les conclusions d’une étude de l'Université de Tübingen et de l’institut de recherche sur le diabète Helmholtz Munich (Allemagne). Elles seront présentées en détail lors du congrès annuel de l'Association européenne pour l'étude du diabète qui se tiendra à Madrid du 9 au 13 septembre 2024.
Muscles : les hommes utilisent plus le glucose que les femmes
Pour évaluer le fonctionnement des muscles en fonction du sexe, les chercheurs ont réuni 9 hommes et 16 femmes souffrant de surpoids ou d’obésité. Ils avaient un âge moyen de 30 ans. Les participants devaient effectuer 30 min de vélo d’appartement et 30 min de marche sur tapis roulant 3 fois par semaine pendant 8 semaines. Des biopsies musculaires ont été effectuées au repos avant le début de l’expérience, après la première séance d'exercice puis après la toute dernière séance.
Les analyses effectuées ont montré qu’il y avait des différences liées au sexe dans les niveaux de brins d'ARN dans le muscle squelettique. Elles étaient associées à l'homéostasie du glucose (contrôle du taux de sucre dans le sang) et à la signalisation de l'insuline (la voie biochimique par laquelle l'insuline élimine le sucre du sang et dans les cellules du corps).
Des divergences concernant les protéines utilisées par les muscles pour transformer la nourriture en énergie, ont aussi été observées. "Il y avait un nombre plus élevé de protéines liées à la glycolyse (impliquées dans le traitement du glucose) et d'autres protéines de type fibre à contraction rapide chez les hommes, tandis que les femmes présentaient une plus grande abondance de protéines régulant la manipulation des acides gras", notent les auteurs dans leur communiqué.
Cela suggère que "le muscle masculin a une plus grande capacité à s'exercer avec du glucose, tandis que les femmes utilisent plus d'acides gras", précise le Dr Simon Dreher, premier auteur de l’étude. "Cette différence dans l'utilisation du substrat pourrait être pertinente pendant l'exercice et influencer également le développement du diabète de type 2."
Activité physique : des bénéfices musculaires similaires chez les deux sexes
Par ailleurs, l’équipe a remarqué des réponses très différentes entre les femmes et les hommes non entraînés lors de la première séance de sport. Les muscles des volontaires masculins montraient plus de signes de stress cellulaire. Ce qui suggère qu'ils avaient eu plus de mal à s'adapter à l'exercice que ceux des participantes.
Par contre, au bout des huit semaines d'entraînement, les différences musculaires entre les deux sexes s’étaient atténuées. De plus, les niveaux de protéines impliquées dans la transformation des aliments en énergie avaient augmenté pour l’ensemble du groupe testé.
"C'est important, car la capacité accrue après l'exercice à utiliser le glucose et les lipides pour la production d'énergie est généralement considérée comme la clé de la prévention du diabète de type 2", explique le professeur Cora Weigert, responsable de l'étude. "Bien que la réponse initiale des muscles squelettiques à l'exercice diffère entre les femmes et les hommes, l'exercice répété semble annuler ces différences et déclencher des changements métaboliques bénéfiques chez les deux sexes."
"Une meilleure compréhension de la façon dont les différences moléculaires sous-jacentes entre les muscles squelettiques des femmes et des hommes affectent leur réponse à l'exercice pourrait fournir des informations précieuses sur la manière d'adapter les recommandations en matière d'exercice pour prévenir ou retarder plus efficacement la progression du diabète de type 2. Cela pourrait également contribuer à la prévention de l’obésité", ajoute le Dr Dreher.