- La stimulation cérébrale profonde adaptative (aDBS) est une amélioration d'une technique déjà utilisée pour réduire les symptômes de la maladie de Parkinson.
- Elle utilise l'apprentissage automatique pour ajuster le niveau de stimulation cérébrale fournie en temps réel au fur, en fonction des symptômes et des besoins du patient.
- L'aDBS se révèle aussi efficace contre les insomnies qui touchent de nombreux malades de Parkinson.
Des chercheurs de l’université de Californie-San Francisco ont mis au point une nouvelle méthode de stimulation cérébrale profonde pouvant améliorer le quotidien des patients de Parkinson. Ce “pacemaker” cérébral surveille l'activité cérébrale du patient afin de détecter les symptômes comme les problèmes de mouvement ou encore l'insomnie et de les traiter en conséquence.
Une stimulation cérébrale personnalisée pour lutter contre Parkinson
Actuellement, un des traitements proposés aux patients atteints de la maladie de Parkinson après les médicaments est la stimulation cérébrale profonde (SCP). Toutefois, ce dispositif qui repose sur l'implantation d’électrodes dans des structures profondes du cerveau, a un inconvénient. Avec son niveau constant d’impulsions électriques, il peut surcompenser ou sous-compenser et provoquer une variation des symptômes importante au cours de la journée.
Pour résoudre cela, les chercheurs de l’UC San Francisco ont développé la stimulation cérébrale profonde adaptative (ou aDBS). Cet appareil, qui s'appuie sur l'apprentissage automatique, émet des impulsions électriques personnalisées 24 heures sur 24 en fonction des changements repérés dans les symptômes du patient. Par exemple, il fournit moins de stimulation lorsque le médicament est actif pour éviter les mouvements excessifs, et plus de stimulation à mesure que le traitement médicamenteux s'estompe afin de prévenir les raideurs.
“L'appareil capte les signaux cérébraux pour créer un mécanisme de rétroaction continue qui peut réduire les symptômes à mesure qu'ils apparaissent. Les utilisateurs peuvent quitter le mode adaptatif ou arrêter complètement le traitement avec un appareil portatif”, précisent les chercheurs dans un communiqué.
Ces derniers ont testé l’efficacité de l’approche lors d’un essai clinique détaillé dans la revue Nature Medicine, le 19 août. Ils ont réuni quatre personnes atteintes de la maladie de Parkinson soignées avec la stimulation cérébrale profonde “traditionnelle” (dit constant). En plus de cet appareil, les volontaires ont bénéficié du dispositif aDBS. Après plusieurs mois de calibrage de l’algorithme, les participants ont été renvoyés chez eux, où le test de comparaison a été effectué en alternant le traitement “conventionnel” et l'aDBS.
Résultat : le nouveau dispositif auto ajusté a amélioré le symptôme le plus gênant de chaque participant d'environ 50 % par rapport à la SCP traditionnelle. “Même si on ne leur a dit à aucun moment quel type de traitement, ils recevaient, trois des quatre participants étaient souvent en mesure de deviner correctement quand ils étaient sous aDBS en raison de l'amélioration notable des symptômes”, ajoutent les auteurs.
Insomnie : la stimulation cérébrale profonde adaptative pourrait la soulager
Une seconde étude de la même université a testé l’impact de l’aDBS sur l’insomnie, trouble qui touche de nombreux patients atteints de la maladie de Parkinson. Publiés dans la revue Nature Communications, les résultats de ces travaux ont démontré que le dispositif pouvait reconnaître l'activité cérébrale associée à divers états de sommeil et avait ainsi le potentiel de soulager l'insomnie.
Si l’aDBS semble un traitement prometteur, les scientifiques qui travaillent sur son développement, reconnaissent qu’il reste d'importants défis à surmonter comme simplifier sa configuration initiale, car elle "nécessite une contribution considérable de la part de cliniciens hautement qualifiés".
"Nous voyons que cela a un impact profond sur les patients, avec un potentiel non seulement dans la maladie de Parkinson, mais probablement aussi pour des conditions psychiatriques comme la dépression et les troubles obsessionnels compulsifs”, explique l’un des principaux auteurs de la première étude, Philip Starr. "Nous sommes au début d'une nouvelle ère de thérapies de neurostimulation."