Le nombre de cancers du côlon explose chez les jeunes adultes, notamment aux Etats-Unis. Quatrième cause de décès par cancer chez les moins de 50 ans aux USA à la fin des années 1990, le cancer colorectal est désormais le plus meurtrier pour les jeunes hommes et le second pour les femmes de moins de 50 ans. Une nouvelle étude de la Cleveland Clinic, publiée dans NPJ Precision Oncology, pourrait avoir trouvé une explication à cette hausse : la consommation de viande rouge et transformée.
Un lien entre la viande rouge et les cancers colorectaux précoces
De précédentes recherches avaient montré que les patients atteints d’un cancer colorectal précoce (avant 50 ans) n'avaient ni le même microbiote, ni les mêmes métabolites (molécules dérivées de l'alimentation) que les malades plus âgés. Face à ce constat, l’équipe de la Cleveland Clinic a décidé d’étudier de près le microbiome intestinal des personnes soignées pour des tumeurs cancéreuses dans le côlon.
En analysant les données recueillies avec un algorithme d’intelligence artificielle, les scientifiques ont découvert que les différences de régime alimentaire représentaient une proportion significative des divergences observées entre les jeunes et les plus âgés. Plus précisément, les métabolites associés à la viande rouge et transformée étaient l’un des principaux facteurs de risque de cancer colorectal à début précoce.
"Les patients plus jeunes atteints d'un cancer du côlon présentaient des taux plus élevés de métabolites associés à la production et au métabolisme d'un acide aminé appelé arginine, ainsi qu'au cycle de l'urée, par rapport à leurs pairs plus âgés. Ces différences peuvent être liées à une consommation à long terme de viande rouge et de viande transformée", expliquent les auteurs dans un communiqué.
"Les chercheurs – nous y compris – ont commencé à se concentrer sur le microbiome intestinal en tant que principal contributeur au risque de cancer du côlon. Mais nos données montrent clairement que le principal moteur est l’alimentation", ajoute le Dr Sangwan qui a codirigé les travaux.
Métabolites : un dépistage des personnes à risque plus simple
La découverte d’un lien entre l’alimentation et le cancer du côlon précoce pourrait grandement faciliter le dépistage et la prise en charge des personnes à risque. En premier lieu, les chercheurs remarquent qu’il est "beaucoup plus facile d’identifier les patients à risque en comptant les métabolites dans leur sang que de séquencer l’ADN bactérien présent dans leurs selles pour différents microbes".
De plus, le régime nutritionnel peut être un bon moyen pour prévenir la maladie. "Il peut en fait être très compliqué et difficile de modifier votre microbiome", ajoute l’auteur principal le Dr Suneel Kamath. "Même si ce n'est pas toujours facile, il est beaucoup plus simple de modifier son alimentation pour prévenir le cancer du côlon."
S’il reconnaît que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment la viande rouge et l’alimentation peuvent provoquer un cancer, l’oncologue confie que son étude a déjà changé la façon dont il prodigue des soins aux patients.
"Même si je savais avant cette étude que l'alimentation est un facteur important de risque de cancer du côlon, je n'en ai pas toujours discuté avec mes patients lors de leur première visite. Il se passe tellement de choses que cela peut déjà être tellement accablant, explique le Dr Kamath. Maintenant, je m'assure toujours d'en parler à mes patients et à tous les amis ou membres de la famille en bonne santé qu'ils les accompagnent, pour essayer de les doter des outils dont ils ont besoin pour faire des choix éclairés concernant leur mode de vie."