"Je sais que je ne ressemble pas au genre de personne qui a un tatouage dans la bouche, mais j'aime l'utiliser pour sensibiliser les gens au cancer de la langue", confie Jennifer Alexander dans les colonnes du New York Post du 19 aout 2024.
Cette comptable fiscale de 52 ans a perdu sa langue à cause d’un cancer en 2020. Elle ne l’a fait reconstruire pas avec n'importe quel morceau de peau de son bras. Elle a demandé à ses médecins de faire le prélèvement au niveau de son tatouage, une étoile bleue.
"J’ai choisi de me faire couper et reconstruire la moitié de ma langue"
Jennifer Alexander avait 37 ans lorsqu'on lui a diagnostiqué pour la première fois un cancer de la langue de stade 1. Depuis des années, elle souffrait d’une leucoplasie récurrente sur la langue. Mais en août 2009, cette tache blanche douloureuse causée par un Papillomavirus humain (HPV) s’est transformée en tumeur. Ignorant dans un premier temps cette boule de la taille d’une myrtille, elle a fini par consulter son dentiste face à l’insistance de sa tante.
"Il a jeté un coup d'œil et, même s'il ne voulait pas que je m'inquiète, il a dit qu'il pensait que c'était un cancer", se souvient-elle dans le journal américain. La biopsie a confirmé les craintes du professionnel de santé.
La tumeur a été retirée lors d’une opération quelques jours plus tard. Mais, la maladie est ensuite réapparue à deux reprises en 2017 et en 2019. Lors du 3e diagnostic, l’Américaine a décidé de “faire les choses différemment”. "J’ai choisi de me faire couper et reconstruire la moitié de ma langue. On m'a dit que je perdrai énormément de poids par la suite – parce que je ne pourrais pas manger", explique-t-elle. "Ça ne me faisait pas peur, j'avais l'impression que je devais de toute façon perdre un peu de poids", plaisante Jennifer.
Pour reconstruire sa langue, le chirurgien a indiqué qu’il prendrait un morceau de chair de son bras gauche pour reconstruire la langue car elle est droitière. Et précisément, il a été prélevé au niveau de son tatouage. Il peut maintenant se voir dans sa bouche, et cela lui a causé quelques problèmes dans le passé. Par exemple, un policier qu’il l’avait arrêté, pensait qu’elle avait une pastille dans la bouche. "Rien de tout cela ne me dérange, assure Jennifer. J'étais beaucoup plus incertain quand ma langue avait l'air plus foutue."
Reconstruction de la langue : "j'ai passé trois mois sans manger ni parler"
En effet, la convalescence après la reconstruction de sa langue a été longue. "J'ai passé trois mois sans manger ni parler", se souvient-elle. Elle a suivi des séances d'orthophonie pour réapprendre à parler et à mâcher. "Après ma quatrième opération chirurgicale en mars 2020, je n'ai même pas pu prononcer mon propre nom avant 2022".
Pendant ces longs mois, elle ne pouvait également absorber que de boissons protéinées en termes de repas. Ce qui la conduit à perdre plus de 30 kilos. "Maintenant, je peux gérer des aliments plus petits comme les carottes et les olives." Autre conséquence de l’intervention, elle a perdu 60 % de ses papilles gustatives, et donc du goût. "Parfois, avec des aliments comme la crème glacée, je dois attendre que mon cerveau envoie le signal 'froid' avant de pouvoir enregistrer de quoi il s'agit."
Aujourd’hui, elle œuvre pour sensibiliser les personnes de moins de 40 ans au cancer de la langue. Elle appelle à être vigilant sur les signes comme l’apparition de taches blanches sur la langue ou encore une perte de poids inexpliquée. "Faites attention aux saignements de bouche et aux douleurs à la mâchoire. Si vous avez le HPV, faites un examen annuel".
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