L’inflammation est une réaction normale du système immunitaire face à une agression. Cela peut être un allergène, une blessure, des agents pathogènes, mais aussi des produits chimiques, la pollution ou même une mauvaise alimentation… Malgré leur jeune âge, les enfants aussi peuvent présenter une inflammation chronique. Et ce n’est pas sans conséquence selon des chercheurs de l’université de Birmingham.
Ils ont découvert qu’une inflammation persistante pendant l’enfance augmente le risque de souffrir de troubles de santé mentale graves, notamment de psychose et de dépression, au début de l'âge adulte.
Leurs travaux sont parus dans la revue JAMA Psychiatry le 21 août 2024.
Dépression, psychose : souffrir d’inflammation à 9 ans fait grimper les risques
Pour comprendre les effets sur le long terme d’une inflammation chronique pendant l’enfance, les chercheurs ont repris les données collectées par l’étude longitudinale Avon sur les parents et les enfants (ALSPAC) – également connue sous le nom "enfants des années 90". Cela représente 6.556 volontaires, dont 50,4 % étaient des femmes. L'inflammation a été identifiée par une augmentation des niveaux du marqueur inflammatoire appelé protéine C-réactive (CRP). Les mesures ont été effectuées lorsque les participants avaient 9, 15 et 17 ans.
Les scientifiques ont découvert que les personnes dont les niveaux de CRP atteignaient un sommet vers l'âge de 9 ans, affichaient des risques plus élevés de dépression et de psychose à 24 ans.
La même équipe a aussi mis en lumière un lien entre avoir une inflammation à un jeune âge et une plus grande susceptibilité de développer des maladies cardiométaboliques telles que la résistance à l'insuline (une forme précoce de diabète) en grandissant.
"Lorsque nous regardons longitudinalement, il existe des preuves très solides que l’inflammation précoce dans l’enfance est un facteur de risque important de développement de la schizophrénie, de la dépression et de la résistance à l’insuline plus tard dans la vie. Certains des taux de développement de ces troubles au sein du groupe présentant une inflammation (qui culminaient vers l’âge de neuf ans) étaient quatre à cinq fois plus élevés que ceux des personnes sans inflammation", précise Edward Palmer, auteur principal de l'étude, dans un communiqué.
Inflammation et santé mentale : vers une prise en charge plus précoce ?
L’auteur principal reconnaît que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux appréhender le lien découvert entre l’inflammation chez les enfants et leur santé mentale ou métabolique à l’âge adulte. "Nous sommes encore loin de démontrer si une inflammation accrue joue un rôle causal dans ces troubles. Mais, il est clair que l'inflammation est antérieure aux cas de maladie mentale et de dysfonctionnement métabolique potentiellement associé. En tant que tel, des recherches plus approfondies doivent être menées sur les mécanismes à l'origine de ces troubles".
S’il atteint cet objectif, ses travaux pourront selon lui "conduire à un profilage des risques en début de vie, à différents types d’intervention précoce et à de nouvelles cibles thérapeutiques possibles".