- Sur les 651 aliments pour bébés examinés par des chercheurs, deux tiers des produits vendus dans les supermarchés américains ne répondent pas aux exigences nutritionnelles.
- La quasi-totalité (99,4 %) des produits comporte au moins une allégation interdite sur leur emballage.
- Les auteurs estiment qu'il est urgent d'améliorer la qualité nutritionnelle des aliments pour nourrissons et enfants en bas âge produits dans le commerce aux États-Unis.
"Malgré les préoccupations croissantes concernant la popularité et l'impact sur la santé des aliments commerciaux destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge, il n'existe actuellement aucune ligne directrice en matière de nutrition ou de promotion pour les États-Unis. En 2022, le Bureau régional de l’Organisation Mondiale de la Santé pour l'Europe a publié un modèle de profil nutritionnel et promotionnel afin d'orienter et de réglementer les aliments pour nourrissons et enfants en bas âge produits dans le commerce", a écrit une équipe internationale de chercheurs dans une étude publiée dans la revue Nutrients.
44 % des produits alimentaires pour bébés dépassaient les besoins en sucre
En l'absence de recommandations spécifiques aux États-Unis pour ces aliments, les scientifiques ont analysé les données de 651 aliments pour nourrissons et enfants en bas âge (6-36 mois). "La petite enfance est une période cruciale de croissance rapide et de formation des préférences gustatives et des habitudes alimentaires, qui peuvent ouvrir la voie au développement de maladies chroniques, telles que l'obésité, le diabète, et certains cancers plus tard dans la vie", a rappelé Elizabeth Dunford, auteure des travaux. Les produits, vendus dans les dix plus grandes chaînes de supermarchés américains en 2023, ont été évalués par rapport aux exigences nutritionnelles et promotionnelles du modèle de profil nutritionnel et promotionnel de l'OMS. Leurs emballages ont également été examinés.
Parmi tous les produits, 60 % ne répondaient pas aux exigences nutritionnelles des recommandations et 0 % aux exigences promotionnelles. Dans le détail, 70 % des aliments ne répondaient pas aux besoins en protéines et 44 % dépassaient les besoins en sucre total. Un produit sur quatre ne répondait pas aux besoins en calories et un sur cinq dépassait les limites recommandées en sodium. Les auteurs aussi ont constaté que les sachets d'aliments pour bébés, dont la croissance a augmenté de 900 % par rapport à la proportion des ventes provenant des sachets au cours des 13 dernières années, font partie des produits les moins sains évalués, moins de 7 % d'entre eux respectant les recommandations en matière de sucre total.
"Presque 100 % des produits comportaient au moins une allégation interdite"
"Presque 100 % des produits comportaient au moins une allégation interdite par les recommandations sur leur emballage, certains produits affichant jusqu'à 11 allégations interdites. Les emballages des snacks sont les moins conformes aux exigences en matière de nutriments. Les allégations courantes comprenaient non génétiquement modifié (GM) (70 %), biologique (59 %), sans BPA (37 %) et sans colorants ni arômes artificiels (25 %)", peut-on lire dans les résultats. Selon Daisy Coyle, co-auteur des recherches, le manque de réglementation dans ce domaine "laisse la porte grande ouverte à l'industrie alimentaire pour tromper les parents occupés", qui sont amenés à croire que les produits sont plus sains qu'ils ne le sont en réalité.
Face à ces données alarmantes, l’équipe souligne le besoin urgent d'améliorer la qualité nutritionnelle des aliments pour nourrissons et enfants en bas âge. "Le recours fréquent à des allégations interdites suggère également la nécessité de réglementer le type et le nombre d'allégations autorisées sur les emballages", a-t-elle conclu.