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Oncologie

Cancers chez les jeunes Américains : les mêmes cancers mais plus tôt et plus fréquents que chez leurs aînés

Une étude américaine récente révèle une augmentation alarmante des cancers chez les jeunes générations. Les personnes nées dans les années 1980 et 1990 sont particulièrement concernées, avec une probabilité de développer un cancer plus tôt que leurs aînés.

Cancers chez les jeunes Américains : les mêmes cancers mais plus tôt et plus fréquents que chez leurs aînés fizkes / iStock




L'ESSENTIEL
  • Augmentation des cancers : les jeunes générations nées dans les années 1980 et 1990 aux États-Unis sont plus susceptibles de développer un cancer que leurs aînés.
  • Facteurs contributifs : cette hausse est liée à des facteurs environnementaux et comportementaux, tels que l'alimentation, la pollution et le mode de vie sédentaire.
  • Nécessité d'une action : des mesures de prévention, de sensibilisation et de dépistage précoce sont essentielles pour inverser cette tendance inquiétante.

Les jeunes générations sont-elles plus exposées au risque de cancer que celles qui les ont précédées ? Une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet Public Health apporte une réponse préoccupante à cette question. Menée par l’épidémiologiste Hyuna Sung de l’American Cancer Society, cette recherche révèle que les personnes nées dans les années 1980 et 1990 aux États-Unis ont une probabilité plus élevée de développer un cancer à un âge plus jeune par rapport à leurs aînés. Cette augmentation des cancers chez les jeunes ne peut être attribuée uniquement au vieillissement de la population, mais reflète des changements profonds dans nos modes de vie et notre environnement.

Une tendance inquiétante

L'étude montre une hausse marquée de l'incidence de certains cancers, notamment ceux liés à la pollution, à l'alimentation et aux modes de vie modernes. Contrairement aux cancers liés au tabac, dont l'incidence a diminué grâce aux campagnes de prévention et à la réduction du tabagisme, d'autres types de cancers, comme ceux de l'appareil digestif, augmentent de manière inquiétante.

Le cancer colorectal était traditionnellement considéré comme une maladie touchant principalement les personnes âgées. Historiquement, il apparaissait le plus souvent chez des individus âgés de 50 ans et plus, avec un pic d'incidence autour de 60 à 70 ans.

  • Pic d'incidence historique : entre 60 et 70 ans.
  • Âge à partir duquel le dépistage est généralement recommandé : 50 ans (dans de nombreux pays).

Ces dernières décennies, on a observé une augmentation de l'incidence du cancer colorectal chez les jeunes adultes, c'est-à-dire les personnes âgées de moins de 50 ans. Bien que ce cancer soit toujours plus fréquent chez les personnes âgées, il est maintenant diagnostiqué de plus en plus souvent chez des personnes âgées de 20 à 49 ans. Selon l'étude, les personnes nées dans les années 1990 ont deux fois plus de risque de développer un cancer colorectal que celles nées dans les années 1950.

  • Jeunes adultes (20-49 ans) : augmentation notable de l'incidence. Cette tendance préoccupante est en cours d'étude, mais elle semble être due à une combinaison de facteurs liés au mode de vie, à l'alimentation, et possiblement à des facteurs génétiques ou environnementaux.
  • Âge moyen de diagnostic chez les jeunes adultes : souvent diagnostiqué dans la quarantaine, mais des cas apparaissent même chez des personnes dans la vingtaine ou la trentaine.

En réponse à cette tendance, certaines recommandations de dépistage ont été revues à la baisse, et il est désormais recommandé de commencer le dépistage dès l'âge de 45 ans dans certains pays.

De même, les cancers de l'estomac et du pancréas, également rares chez les jeunes dans le passé, deviennent de plus en plus fréquents.

Les causes sous-jacentes

Cette augmentation des cancers des « eighty et ninety boomers » ne s'explique pas seulement par l'amélioration des diagnostics ou l'allongement de l'espérance de vie. Elle est également liée à des facteurs environnementaux et comportementaux qui ont évolué au fil du temps. L'alimentation moderne, riche en aliments ultra-transformés, en sucres ajoutés et en graisses saturées, joue un rôle crucial. Les habitudes alimentaires des jeunes générations diffèrent considérablement de celles de leurs aînés, avec une consommation accrue de fast-food et de boissons sucrées.

La pollution de l'air est un autre facteur préoccupant. L'exposition à des polluants atmosphériques, en particulier dans les zones urbaines, a été associée à un risque accru de cancers, notamment des voies respiratoires. Les jeunes générations, qui grandissent dans des environnements de plus en plus industrialisés, sont exposées dès le plus jeune âge à ces substances cancérigènes.

Enfin, le mode de vie sédentaire, avec une augmentation du temps passé devant les écrans et une réduction de l'activité physique, contribue également à l'augmentation des risques. Le surpoids et l'obésité, de plus en plus courants chez les jeunes, sont des facteurs de risque bien connus pour plusieurs types de cancers.

Un appel à l'action

Face à cette situation alarmante, les gouvernements, les professionnels de santé et la société civile doivent travailler ensemble pour inverser cette tendance inquiétante. La sensibilisation des jeunes générations aux risques liés à leur mode de vie est cruciale.

De plus, cette étude souligne l'importance d'un dépistage précoce et régulier pour détecter les cancers à un stade où ils sont plus facilement traitables. Les jeunes adultes doivent être encouragés à consulter leur médecin régulièrement et à se soumettre aux examens de dépistage appropriés.

Les cancers les plus fréquents chez les jeunes Américains

Selon l’étude menée par Hyuna Sung et son équipe, les cancers qui sont particulièrement en hausse chez les jeunes générations aux États-Unis sont les cancers de l’appareil digestif. Le cancer colorectal, de l'estomac et du pancréas, montrent une augmentation notable. De plus, les cancers de la thyroïde et du rein sont également de plus en plus fréquents chez les jeunes adultes. Ces tendances suggèrent que des facteurs environnementaux et liés au mode de vie, tels que l'alimentation, la pollution et le mode de vie sédentaire, jouent un rôle important dans l'émergence de ces cancers.

Les cancers les plus fréquents chez les jeunes Français

En France, les jeunes générations ne sont pas épargnées par la hausse des cancers, bien que les chiffres restent moins alarmants qu’aux États-Unis. Selon les données de l'Institut national du cancer (INCa), les cancers les plus fréquents chez les jeunes adultes (âgés de 15 à 39 ans) sont :

  • Le cancer du sein : il représente environ 20 % des cancers diagnostiqués chez les jeunes femmes. Chaque année, plus de 1 500 nouveaux cas sont détectés chez les femmes de moins de 40 ans.
  • Le cancer du côlon et du rectum : bien que plus rare chez les jeunes, son incidence augmente lentement, avec environ 300 nouveaux cas par an chez les moins de 40 ans.
  • Le cancer de la thyroïde : ce type de cancer est en forte augmentation, particulièrement chez les jeunes femmes. Environ 1 000 nouveaux cas sont recensés chaque année chez les moins de 40 ans.
  • Les mélanomes : ce type de cancer de la peau est également en hausse, avec près de 500 nouveaux cas annuels chez les jeunes adultes.

Ces chiffres mettent en lumière l’importance de la prévention et du dépistage précoce pour ces cancers, qui touchent de plus en plus les jeunes générations en France.

Editorial

Adapter les pratiques cliniques et les recommandations de prévention

Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à une évolution inquiétante dans la répartition des cas de cancer colorectal. Autrefois considéré comme une pathologie essentiellement liée au vieillissement, ce cancer apparaissait principalement chez les individus âgés de 50 ans et plus, avec une incidence maximale généralement observée entre 60 et 70 ans. C’est dans cette tranche d’âge que la majorité des cas étaient historiquement diagnostiqués, ce qui avait conduit à l'établissement de recommandations de dépistage débutant à l'âge de 50 ans, une mesure préventive qui se révélait en adéquation avec les profils de risque observés.

Cependant, les tendances épidémiologiques récentes montrent un changement perturbant dans cette dynamique. En effet, un nombre croissant de cas de cancer colorectal est maintenant diagnostiqué chez des adultes jeunes, notamment ceux âgés de moins de 50 ans. Cette tendance est particulièrement préoccupante car elle représente une rupture significative avec les schémas épidémiologiques traditionnels. Plus alarmant encore, cette augmentation des cas parmi les jeunes adultes, souvent définis comme étant dans la tranche des 20 à 49 ans, ne semble pas liée à une cause unique identifiable, mais plutôt à une confluence de facteurs.

Les modes de vie modernes, marqués par une alimentation pauvre en fibres, une consommation accrue de viandes rouges et transformées, un manque d'activité physique, et une prévalence accrue de l'obésité, sont largement considérés comme des contributeurs potentiels à cette augmentation. De plus, des facteurs environnementaux et génétiques, encore mal compris, pourraient également jouer un rôle dans cette évolution. L'impact de ces changements sur la santé publique est tel que plusieurs organisations de santé ont commencé à revoir à la baisse l'âge recommandé pour le dépistage du cancer colorectal, suggérant de commencer ce dépistage dès l'âge de 45 ans, voire plus tôt pour les individus présentant des facteurs de risque.

Il est crucial que cette tendance soit prise au sérieux par la communauté médicale et que les efforts de recherche soient intensifiés pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à cette montée de l'incidence du cancer colorectal chez les jeunes adultes. De plus, il est essentiel de sensibiliser le grand public, et en particulier les jeunes générations, aux risques potentiels associés au cancer colorectal, ainsi qu'à l'importance du dépistage précoce.

Bien que le cancer colorectal reste plus fréquent chez les personnes âgées, il est désormais impératif de reconnaître l'émergence de cette maladie parmi les populations plus jeunes. Il est de la responsabilité des professionnels de la santé d'adapter leurs pratiques cliniques leurs recommandations de prévention en fonction de ces nouvelles réalités pour protéger au mieux la santé des patients.

Thierry Borsa

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