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Papillomavirus : les hommes infectés pourraient avoir des problèmes de fertilité

Par Geneviève Andrianaly

L’infection par des types de papillomavirus à haut risque chez les hommes entraîne une hausse de la mort des spermatozoïdes causée par le stress oxydatif et une réponse immunitaire affaiblie.

KTStock/iStock
Dans une récente étude, le papillomavirus humain (HPV) a été détecté dans 19 % des échantillons de sperme fournis par 205 hommes ayant fait une première évaluation de la fertilité ou des problèmes de voies urinaires entre 2018 et 2021.
Les patients infectés par des types de papillomavirus à haut risque (HR-HPV) présentaient des niveaux significativement plus élevés de nécrose des spermatozoïdes.
Ils avaient aussi des proportions accrues de spermatozoïdes ROS (espèces réactives de l'oxygène) et une réduction inattendue des leucocytes dans les cellules reproductrices mâles.

"Le papillomavirus humain (HPV), une infection sexuellement transmissible très répandue, comprend des virus à haut risque (HR-HPV) et à faible risque (LR-HPV). Les premiers présentent un risque élevé de développer des tumeurs malignes, tandis que les seconds sont principalement à l'origine de verrues bénignes. Malgré une prise de conscience croissante de l'impact du HPV sur la santé des hommes, l'influence des infections urogénitales HR-HPV et LR-HPV sur le potentiel de fertilité masculine reste incertaine", ont indiqué des chercheurs de l'Universidad Nacional de Córdoba en Argentine.

HPV : 20 hommes testés positifs à des types de papillomavirus à haut risque

Dans le cadre d’une étude, publiée dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, ils ont ainsi voulu savoir si l’infection urogénitale masculine par les papillomavirus à haut risque est liée à une altération de la qualité du sperme, au stress oxydatif et à l'inflammation. Pour en avoir le cœur net, les scientifiques ont recruté 205 hommes ayant été dans une seule clinique d'urologie et d'andrologie pour une évaluation initiale de la fertilité ou des problèmes de voies urinaires entre 2018 et 2021. Aucun d’entre eux n'avait été vacciné contre le papillomavirus. Les participants ont donné un échantillon de leur éjaculat. Ensuite, la présence ou l'absence de HPV et d'autres infections sexuellement transmissibles ont été déterminées par PCR.

Parmi les 205 volontaires, 19 % ont été testés positives au HPV. Dans le détail, 20 hommes ont été testés comme positifs à des types de papillomavirus à haut risque, tandis que 7 ont été identifiés comme positifs à des types de papillomavirus à faible risque. La plupart des adultes positifs au HPV n'étaient infectés que par un seul génotype, mais trois d'entre eux étaient porteurs de deux génotypes simultanément.

Des niveaux plus élevés de nécrose des spermatozoïdes chez les hommes infectés par HR-HPV

D’après les résultats, les hommes positifs aux types de papillomavirus à haut risque avaient un pourcentage plus élevé de spermatozoïdes morts. Les auteurs ont aussi observé que ces patients présentaient un nombre significativement plus faible de globules blancs CD45+ (des leucocytes) dans leur sperme. Autre constat : leurs spermatozoïdes pouvaient être fréquemment endommagés par le stress oxydatif, "à en juger par leur production élevée d'espèces réactives de l'oxygène (ROS). Pour rappel, de faibles niveaux de ROS sont le résultat d'un fonctionnement normal des spermatozoïdes, tandis que des niveaux élevés peuvent conduire à une rupture de la membrane cellulaire, à des cassures de l'ADN et à une mort cellulaire incontrôlée et non programmée."

Importance du dépistage du HPV

Les recherches ont aussi montré que les infections causées par des génotypes de HPV à haut risque avaient des effets sur la capacité du système immunitaire à éliminer l'infection. Plus précisément, le nombre de cellules immunitaires observé dans le sperme des hommes positifs au HR-HPV était plus faible, ce qui conduirait à un mouvement réduit des leucocytes vers le site de l'infection. "Ces observations soulignent l'importance d'un dépistage complet du HPV, y compris le génotypage, dans les cliniques d'urologie et de fertilité afin de comprendre la progression de l'infection, les effets négatifs potentiels sur la santé reproductive et les risques oncogéniques impliqués", peut-on lire dans les conclusions de l’étude.