Cancers colorectaux, de l’intestin grêle, du foie ou encore du pancréas… près d’un cancer sur trois se développe à la suite d’une inflammation chronique localisée. Jusqu’à présent, les mécanismes en jeu dans le développement de ces tumeurs restaient assez mystérieux. Mais des scientifiques de l’Inserm, du CNRS, de l’université Claude-Bernard Lyon 1 et du Centre Léon Bérard au Centre de recherche en cancérologie de Lyon viennent de faire une avancée importante sur ce sujet.
Ils ont identifié les cellules immunitaires impliquées dans les processus inflammatoires mis en cause dans le développement de ces cancers. Leurs résultats sont publiés dans la revue Nature Immunology.
Des lymphocytes à l’origine de cancers
Les chercheurs ont voulu observer de près les cellules immunitaires lymphocytes TH17, déjà connues pour être impliquées dans plusieurs pathologies inflammatoires, comme la sclérose en plaques ou encore la maladie de Crohn. Ils ont cherché à déterminer s’il existait plusieurs sous-groupes dans cette famille de cellules immunitaires. Grâce au séquençage de l’ARN des cellules TH17 au sein de l’intestin, ils ont découvert qu’il existe huit sous-types.
"L’un d’entre eux a un rôle tumorigénique, c’est-à-dire que lorsque certains freins d’activation sont levés, il va contribuer au développement de cancers. Au contact de ces cellules TH17, les cellules de l’intestin qui étaient pourtant saines jusqu’ici vont devenir cancéreuses", explique Julien Marie, directeur de recherche à l’Inserm et de l’équipe au Centre de recherche en cancérologie de Lyon.
Le chercheur et son équipe ont ensuite démontré que ces lymphocytes “tumorigéniques” étaient présents en plus grande quantité chez les patients à fort risque de cancer.
Immunothérapie : un usage à évaluer selon les patients
Cette découverte soulève une question, selon les chercheurs. L’usage des immunothérapies – qui stimulent les lymphocytes – est-il une bonne chose ? "En effet, si ces thérapies ont transformé la prise en charge en oncologie, elles sont aussi connues pour entraîner de l’inflammation chronique intestinale. Il est donc important de s’interroger, pour un patient donné, sur les risques que l’immunothérapie s’accompagne de l’émergence de lymphocytes TH17 tumorigéniques qui pourraient à terme donner lieu au développement d’un autre cancer", notent les auteurs dans leur communiqué.
Si l’équipe s’interroge sur les traitements actuellement, elle offre aussi une nouvelle piste de soins pour les cancers liés à une inflammation chronique. Elle a remarqué qu’une protéine appelée cytokine TGF–β est capable d’inhiber la formation des TH17 tumorigéniques. Cette découverte pourrait être la base de nouvelles thérapies préventives du cancer en bloquant l’apparition du sous-type de TH17 mis en cause par les chercheurs français.
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