ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Crise cardiaque : les bruits de la ville augmentent le risque de rechute

Pollution sonore

Crise cardiaque : les bruits de la ville augmentent le risque de rechute

Par Sophie Raffin

La pollution sonore en ville augmente les risques de souffrir d’un infarctus du myocarde.

galitskaya/istock
Deux études européennes distinctes mettent en avant l’impact négatif de la pollution sonore sur la santé cardiovasculaire.
La première montre que la pollution sonore augmente le risque d'apparition précoce d'infarctus du myocarde chez les jeunes présentant de faibles facteurs de risque traditionnels.
La seconde révèle une association entre l'exposition au bruit urbain, surtout la nuit, et un pronostic plus défavorable un an après un premier infarctus du myocarde.

Moteurs des voitures, klaxons, portes qui claquent, discussions sur les terrasses, musique dans les bars… le silence est rare en ville. Et, cela ne serait pas bon pour le cœur, selon deux études menées en Europe.

Ces travaux, présentés lors du congrès de l’European Society of Cardiology organisé à Londres du 30 août au 2 septembre 2024, révèlent que la pollution sonore urbaine peut avoir un impact sur les risques cardiovasculaires des moins de 50 ans et des patients ayant déjà eu une crise cardiaque.

La pollution sonore urbaine fait exploser le risque d’infarctus

Les chercheurs de l’étude DECIBEL-MI ont voulu déterminer les conséquences du bruit en ville sur la santé cardiaque. Pour cela, ils ont réuni 430 patients vivant à Brême (Allemagne) ayant été hospitalisés pour un infarctus du myocarde. Ces participants étaient âgés de 50 ans ou moins. Les chercheurs ont évalué les niveaux d’exposition au bruit sur leur lieu d'habitation. Ils ont remarqué que le pollution sonore augmentait considérablement le risque d'apparition précoce d’infarctus du myocarde chez les moins de 50 ans, même s’ils présentaient de faibles facteurs de risque traditionnels (non-fumeur, absence de diabète…). Ils affichaient même des risques plus importants que ceux ayant un niveau élevé de facteurs de risque traditionnels.

"L’inclusion de l’exposition au bruit dans les modèles de prévision des risques permet d’identifier avec précision les personnes à risque, conduisant ainsi à une prévention mieux ciblée. Reconnaître le bruit comme un facteur de risque comble une lacune importante et souligne la nécessité de stratégies de santé publique pour réduire la pollution sonore, et ainsi améliore la santé cardiovasculaire des jeunes populations", indique le Dr Hatim Kerniss auteur de l'étude dans un communiqué.

Infarctus du myocarde : l'exposition au bruit urbain impacte le pronostic

La seconde recherche, menée en France, a évalué l'impact de l'exposition au bruit ambiant sur le pronostic après un premier infarctus du myocarde. Pour cette dernière, l’équipe a repris les dossiers de 864 patients hospitalisés pour un infarctus aigu. Ils ont aussi déterminé que le niveau de bruit moyen dans les villes européennes était de 56 décibels sur 24 heures et 49 dB la nuit.

"Nous avons trouvé une forte association entre l'exposition au bruit urbain, en particulier la nuit, et un pronostic plus défavorable un an après un premier infarctus du myocarde", explique la Professeure Marianne Zeller de l'Université de Bourgogne Franche-Comté et du CHU Dijon Bourgogne. La scientifique et ses collègues ont observé une augmentation de 25 % du risque d’un événement cardiovasculaire indésirable majeur pour chaque augmentation de 10 dB du bruit pendant la nuit, indépendamment de la pollution atmosphérique, des niveaux socio-économiques et d’autres facteurs.

"Ces données fournissent certaines des premières informations sur le fait que l’exposition au bruit peut affecter le pronostic. Si elle est confirmée par des études prospectives plus vastes, notre analyse pourrait aider à identifier de nouvelles opportunités pour des stratégies de prévention secondaire basées sur l'environnement, y compris des barrières antibruit pour les patients atteints d'infarctus du myocarde à haut risque", ajoute la responsable des travaux.