- Le bemnifosbuvir, utilisé dans le traitement de l’hépatite C, nécessite "de subir une série de modifications dans les cellules infectées pour obtenir la forme qui lui permettra d’inhiber la multiplication du virus."
- Pour cela, le médicament a besoin d’un ensemble minimal de 5 enzymes cellulaires différentes.
- Cette découverte ouvre la voie à une amélioration possible de l’efficacité du médicament dans d’autres organes touchés par l’infection.
Le bemnifosbuvir est un médicament oral initialement mis au point, par la société américaine Altea Pharmaceuticals, pour traiter l’hépatite C. En février 2022, des chercheurs du CNRS avaient indiqué que ce traitement était un candidat prometteur pour lutter contre le SARS-CoV-2. "Il agit comme terminateur de chaîne d'ARN viral, stoppant la synthèse de génomes viraux, et sa structure chimique ralentit environ 5 fois la vitesse de son excision par le site nsp14. Il bloque aussi une activité essentielle localisée dans le premier domaine de la polymérase, rendant plus difficile l'acquisition de résistance virale." En clair, le médicament arrête la réplication du virus responsable de la Covid-19 en ciblant simultanément les sites actifs RdRp et NiRAN.
Une série de modifications du bemnifosbuvir est dépendante de cinq enzymes différentes
Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Plos Biology, les mêmes scientifiques ont voulu décrire le processus d’activation du bemnifosbuvir afin de démultiplier son efficacité face à des virus à ARN, notamment ceux responsables de la Covid-19, de la grippe ou encore de la dengue. Une fois ingéré sous forme de pilule, le médicament a besoin de "subir une série de modifications dans les cellules infectées avant d’obtenir la forme qui lui permettra d’inhiber la multiplication du virus." Grâce à leurs observations, l’équipe a constaté que ces transformations ne pouvaient pas se faire sans cinq enzymes différentes. À l’aide des techniques de cristallographie, elle a réussi à décrire à l’échelle atomique la structure tridimensionnelle de ces enzymes et leurs zones d’interaction avec le traitement. Les auteurs ont également identifié le motif chimique du bemnifosbuvir responsable de son efficacité renforcée dans les cellules du foie.
Virus à ARN : vers des déclinaisons médicamenteuses plus efficaces ?
D’après les scientifiques, ces résultats permettront d’améliorer la maîtrise de la chaîne d’activation du médicament et de mettre au point des déclinaisons plus efficaces contre les différents virus à ARN. "Il permettra également de prédire précisément sur quelles familles de virus le médicament sera actif et avec quels antiviraux il sera complémentaire. Grâce à ces nouvelles connaissances, les chercheurs pourront également restreindre les essais cliniques aux modèles animaux qui possèdent bien les enzymes nécessaires à l’activation de ce type de médicament."