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Dengue, Zika

Moustique : une protéine dans leur salive favorise les infections

Par Sophie Raffin

Une protéine présente dans la salive des moustiques, vecteurs du Zika et de la dengue, favorise l'infection virale des Hommes.

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Selon une nouvelle étude, une protéine présente dans la salive des moustiques qui transmettent les virus Zika et de la dengue, favorise l'infection virale.
Elle s'appelle Nest1. Elle se lie avec une molécule appelée CD47 et bloque ainsi plusieurs fonctions immunitaires de l'Homme.
Cette découverte pourrait aider au développement de traitements contre les maladies transmises par le moustique.

Zika, dengue, chikungunya, fièvre jaune… Le moustique Aedes aegypti est vecteur de nombreuses maladies. Des chercheurs de la faculté de médecine de Yale auraient trouvé la clé derrière cette capacité de contamination. Une protéine, appelée Nest1, présente dans la salive de ces insectes favorise l'infection virale.

Leurs travaux ont fait l’objet d’un article paru dans la revue Science Immunology.

Moustiques Aedes aegypti : une protéine dans leur salive inhibe le système immunitaire

La salive des moustiques contient de nombreuses autres molécules qui affectent leurs hôtes. "Beaucoup de ces composants sont censés aider le moustique à se nourrir, en évitant par exemple la formation de caillots sanguins. Nous voulions savoir si la salive du moustique contenait des composants susceptibles d’accroître l’infectiosité virale", explique le Dr Erol Fikrig, co-auteur principal de l’étude, .

Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à la protéine Nest1 présente dans la salive des moustiques Aedes aegypti mise en lumière lors de précédentes études. Dans un premier temps, l’équipe a exposé des échantillons de peau humaine au virus Zika en présence ou non de Nest1. Ils ont découvert que le virus se répliquait beaucoup plus rapidement dans la peau humaine lorsqu’il était associé à la protéine. Les scientifiques ont conclu que Nest1 interagit avec des molécules biologiques de l’épiderme. Pour identifier lesquelles, ils ont testé la protéine des moustiques avec plus de 2.600 protéines humaines. Ils ont ainsi remarqué que Nest1 se liait fortement à une molécule appelée CD47 (Cluster of Differentiation 47). Cette dernière est connue pour être impliquée dans un certain nombre de processus immunitaires.

“Grâce à son interaction avec CD47, Nest1 a pu inhiber des fonctions immunitaires clés comme la phagocytose (au cours de laquelle une cellule ingère et neutralise des agents pathogènes ou des débris cellulaires), réduire l'activité de plusieurs voies immunitaires protectrices et augmenter l'activité des voies impliquées dans la réplication du virus, ont découvert les chercheurs. L'effet global a été de supprimer les réponses antivirales dans la peau et de stimuler l'activité virale”, expliquent les auteurs dans leur communiqué.

Cette découverte pourrait permettre le développement de nouveaux traitements contre les maladies transmises par les moustiques, selon l'équipe. "Nous pourrions par exemple mettre au point un traitement qui bloquerait Nest1, peut-être avec un anticorps monoclonal, ce qui diminuerait l’environnement favorable créé par Nest1 pour le virus au site de la piqûre du moustique, avance le Dr Fikrig. Cela pourrait être fait seul ou en combinaison avec un vaccin traditionnel à base d’agents pathogènes, ce qui rendrait ce vaccin plus efficace."

Triple E, dengue… : une hausse des maladies transmises par les moustiques

Le moustique n’est pas juste un insecte aux bruits agaçants et à la piqûre qui gratte. Responsable de 800.000 morts chaque année, l’insecte est l'animal le plus dangereux pour l'homme. Ainsi, l’expansion du moustique tigre en Europe et le nombre grandissant de cas de dengue importés ou autochtones dans l’Hexagone soulève des craintes. En juin dernier, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) avait alerté face à la hausse des maladies transmises par les moustiques dans l’UE. L’agence avait rappelé avoir enregistré 130 cas "locaux" et plus de 4.900 cas importés de dengue en 2023, contre respectivement 71 et 1.572 cas en 2022. Concernant la circulation du virus du Nil occidental l’année dernière, "le nombre de régions touchées est le plus élevé depuis le pic en 2018, ce qui indique une large circulation géographique du virus", avait noté l’ECDC.

Les Européens ne sont pas les seuls à s’inquiéter face à ces insectes et les virus qu'ils portent. Les autorités américaines sont sur le qui-vive depuis l’identification au cours du mois d'août de deux cas humains d'encéphalite équine de l’Est, maladie transmise par les moustiques Culiseta melanura. Les deux patients ont été infectés dans des états du nord-est du pays. Le décès de l'un d'eux a été annoncé le 27 août.

Aux Etats-Unis, une encéphalite fatale dans 30% ses cas

Cette maladie aussi appelée Triple E est "rare, mais grave". Si la majorité des personnes touchées ne présentent pas de symptômes, certaines ont des signes grippaux (fièvre, maux de tête, frissons, douleurs articulaires). Par ailleurs, dans les cas graves, l'encéphalite équine de l’Est provoque une atteinte du système nerveux central qui est fatale dans 30 % des cas. De plus, des séquelles neurologiques ont été observées chez 50 % des patients qui survivent à l'infection. Pour réduire les risques de contamination, plusieurs États du nord-ouest des États-Unis dont le New-Hampshire et Massachusetts, ont pris des mesures comme la fermeture des parcs ou la pulvérisation d’anti-moustiques.