En plus de douleurs vives et récurrentes, de la fatigue chronique ou encore de troubles de la fertilité, les femmes qui souffrent d’endométriose font face à une autre difficulté. Elles ont un risque 20 % plus élevé d’avoir des problèmes cardiaques, selon des chercheurs de l'hôpital universitaire Rigshospitalet de Copenhague.
Leurs travaux seront présentés au congrès annuel de la Société Européenne de Cardiologie qui se déroule cette année à Londres du 30 août au 2 septembre.
AVC, crise cardiaque : un risque accru pour les patientes souffrant d’endométriose
Pour déterminer l’impact de l’endométriose sur la santé cardiaque de la gent féminine, l’équipe a repris les registres nationaux danois de toutes les femmes ayant reçu un diagnostic d'endométriose entre 1977 et 2021. Ils ont ensuite suivi pendant une période médiane de 16 ans, 60.508 patientes atteintes de la maladie gynécologique et 242.032 femmes n’ayant pas cette pathologie.
Les analyses des données recueillies ont montré que les femmes atteintes d'endométriose présentaient un risque accru d'environ 20 % d'infarctus aigu du myocarde et d'AVC ischémique par rapport aux autres. Les auteurs précisent dans leur communiqué : "Une fois ces données ventilées en composantes individuelles, les femmes atteintes d'endométriose présentaient un risque accru d'environ 20 % d'accident vasculaire cérébral ischémique et un risque accru d'environ 35 % d'infarctus aigu du myocarde par rapport aux femmes sans endométriose. De plus, les femmes atteintes d'endométriose présentaient également un risque accru d'arythmie et d'insuffisance cardiaque par rapport aux femmes sans endométriose."
Maladies cardiovasculaires : il faut prendre en compte les risques spécifiques aux femmes
"Pendant des décennies, les maladies cardiovasculaires (MCV) ont été considérées comme une pathologie d'homme et les facteurs de risque ont été pris en compte du point de vue masculin, par exemple en incluant la dysfonction érectile dans les lignes directrices sur l'évaluation des risques de MCV. Pourtant, une femme sur 3 décède d'une MCV et une femme sur 10 souffre d'endométriose. Nos résultats suggèrent qu'il est peut-être temps de prendre systématiquement en compte le risque de MCV chez les femmes atteintes d'endométriose", estime l'auteure principale de l'étude, la Dr Eva Havers-Borgersen de l'hôpital universitaire Rigshospitalet de Copenhague dans le communiqué.
Si la scientifique et son équipe reconnaissent que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer leurs conclusions, elles recommandent la réalisation d’une évaluation des risques cardiovasculaires pour les patientes touchées par l’endométriose.
"Il est désormais temps que les facteurs de risque spécifiques aux femmes – tels que l’endométriose, mais aussi le diabète gestationnel et la prééclampsie – soient pris en compte dans les modèles de prédiction du risque cardiovasculaire", conclut l’experte.