À ce jour, "l’utilisation des téléphones mobiles et de tout autre équipement terminal de communications électroniques (tablette ou montre connectée, par exemple)" est interdite dans l’enceinte des écoles et des collèges, selon le ministère de l’Éducation nationale. Ainsi, depuis 2018, les élèves doivent éteindre et ranger l’appareil dans leur sac ou un casier, si l’organisation des locaux le permet, dès l’entrée de l’établissement. Mais, désormais, "la lune de miel avec les outils numériques à l’école" est réellement "terminée", a déclaré, au Figaro, le professeur Amine Benyamina, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse (AP-HP Villejuif), qui a coprésidé la commission en charge du rapport "Enfants et écrans. À la recherche du temps perdu" remis au président de la République en avril dernier.
"Près de 200 collèges" vont expérimenter l'interdiction des téléphones dès la rentrée
En effet, le mardi 27 août, Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, a annoncé, lors de sa conférence de presse de rentrée, que "près de 200 collèges" se sont portés volontaires pour tester le renforcement de l'interdiction des téléphones portables à l’école. "Dès lundi et ça va s'échelonner jusqu'aux vacances de la Toussaint. L'objectif c'est que les élèves n'aient pas leur téléphone notamment dans la cour du collège. (…) La généralisation de cette pause numérique devrait pouvoir intervenir dès le mois de janvier 2025", a-t-elle précisé.
50 000 élèves devront déposer leur téléphone
Concrètement, les 50.000 élèves concernés devront déposer leur téléphone dans un casier en arrivant dans l'établissement. "Chaque établissement met en place son propre protocole pour organiser les modalités de la 'pause numérique' en son sein, en lien avec le département dont il dépend, notamment dans son volet logistique. Les établissements qui le peuvent utiliseront du matériel déjà présent dans l'établissement (des casiers par exemple). Pour les autres, les conseils départementaux ont été sollicités afin de participer à l'achat de matériel (casiers dédiés, pochette anti-ondes, etc.)", a expliqué, à FranceInfo, Nicole Belloubet.
Pour l’heure, aucune précision n’a été apportée concernant les sanctions en cas de non-respect de cette interdiction. "Une réponse adaptée, individuelle et graduée, doit être apportée à toute utilisation du téléphone mobile au sein de l’école ou de l’établissement. Les modalités sont définies dans le règlement intérieur. Elle peut prendre la forme d’une punition scolaire (devoir supplémentaire, heure de retenue, etc.), d’une confiscation de l’appareil désormais autorisée par la loi ou, pour les cas les plus graves, d’une sanction disciplinaire", peut-on lire sur le site du ministère de l’Éducation nationale.
L’utilisation du téléphone pendant les cours peut nuire à l’esprit critique et au développement social
Selon un psychologue spécialisé dans l’enfance, John Piacentini, l’interdiction du portable à l'école est bénéfique pour les enfants et les adolescents. "L'utilisation du téléphone présente plus de risques que de bénéfices", a-t-il signalé dans un communiqué de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA Health). Cette dernière peut perturber l’apprentissage. Dans le détail, "les élèves passent du temps sur leur smartphone durant les cours et la récréation et sont donc susceptibles d’avoir des difficultés à se concentrer ou à limiter les distractions à l’école. Une capacité d’attention plus courte peut également avoir un impact sur la capacité des enfants à adopter plusieurs perspectives ou à voir les problèmes sous plusieurs angles. À terme, l’imagination et la créativité, qui sont stimulées par l’ennui, ainsi que les capacités de réflexion critique des enfants en souffriront."
Un frein au développement social
En outre, l’utilisation du téléphone dans les salles de classe nuit au développement social. "Les enfants pourraient ne pas être prêts à s’engager socialement lorsqu’ils doivent interagir en personne avec des personnes qu’ils ne connaissent pas ou participer à des activités qui ne leur sont pas familières."
Si les parents sont inquiets quant à la possibilité de contacter leurs enfants pendant la journée d’école, surtout en cas d’urgence, le spécialiste leur conseille de discuter avec les enseignants et les personnes en charge des protocoles de communication et de sécurité à appliquer dans de telles situations. "Il est nécessaire que tout le monde travaille ensemble pour améliorer la santé des enfants, renforcer leur confiance et créer un environnement d’apprentissage favorable."