S’il ne faut que quelques millisecondes à notre cerveau pour reconnaître un mot entendu, son approche pour déterminer lequel a été prononcé reste mystérieuse. En travaillant avec des personnes malentendantes équipées d'implants cochléaires, les chercheurs de l’université de l’Iowa sont parvenus à faire la lumière sur les processus d’identification du langage parlé.
Leur étude a été publiée en ligne le 29 août 2024 dans la revue Nature Communications.
Reconnaissance des mots : 3 processus identifiés
L'équipe de recherche a recruté 101 personnes ayant des implants cochléaires. Elles devaient écouter un mot prononcé à l'aide de haut-parleurs, puis sélectionner parmi quatre images sur un écran d'ordinateur celle qui correspondait au terme entendu. Une technologie de suivi oculaire a permis aux scientifiques de voir comment et quand chaque volontaire avait fait son choix.
"Les expériences ont révélé que les utilisateurs d’implants cochléaires, même avec une façon différente d’entendre, utilisaient le même processus de base pour choisir les mots parlés que les personnes entendant normalement", précisent les chercheurs dans leur communiqué.
Ainsi, les auditeurs ont recours à trois méthodes d'identification du langage parlé.
Le moyen le plus observé parmi les participants est l’attentisme. Cela repose, dans une certaine mesure, sur la méthode Wait and See. C’est-à-dire que la personne attend jusqu'à un quart de seconde après avoir entendu le mot pour décider fermement lequel a été prononcé.
Certains volontaires utilisent aussi une activation soutenue ou lente. Dans le premier cas, l’auditeur hésite un peu entre plusieurs termes avant de trancher. L’autre repose sur la même méthode, mais l’évaluation entre les différentes possibilités est plus lente.
"Fait important, chaque auditeur semble adopter une stratégie hybride, avec un degré différent de chaque méthode", ajoutent les auteurs.
Troubles auditifs : une étude pouvant améliorer la prise en charge
"Cette étude nous a permis de découvrir que les personnes ne fonctionnent pas tous de la même manière, même en ce qui concerne la manière dont ils reconnaissent un mot", explique Bob McMurray, auteur correspondant de l’étude. "Les gens semblent adopter leurs propres solutions pour relever le défi de la reconnaissance des mots. Il n’existe pas qu’une seule façon d’utiliser une langue. C’est assez fou quand on y pense."
Et ces découvertes faites auprès de participants malentendants concernent aussi les personnes sans problème d'ouïe. "Ce que nous voyons très clairement dans la manière dont les utilisateurs d'implants cochléaires reconnaissent les mots, se produit également chez de nombreuses personnes", assure l’expert.
Si leurs travaux améliorent la compréhension du traitement du langage parlé, le scientifique et son équipe espèrent que leurs travaux aideront à développer des stratégies pouvant améliorer la prise en charge des troubles auditifs et des malentendants. “Notre objectif est d'avoir une méthode plus raffinée que de simplement leur demander : Dans quelle mesure entendez-vous bien ? Avez-vous du mal à comprendre la parole dans le monde réel ?", explique Bob McMurray.